La mort de Mohsen Fakhrizadeh, directeur du centre de recherches et technologies du ministère de la défense iranien, dans une attaque en voiture près de Téhéran, le 27 novembre dernier, a conduit le gouvernement iranien à reprendre le programme d’enrichissement de son uranium. Dorénavant, celui-ci se fixe autour du taux critique de 20% alors que l’accord de Vienne le limite à 3,67%. Le spectre d’un enrichissement à visée militaire n’est donc pas à exclure.
Bien qu’aucun pays ou organisation ne revendique l’assassinat, la République islamique a condamné cet acte comme terroriste et accuse Israël et les USA indirectement. Le 29 novembre 2020, le parlement iranien vote à une écrasante majorité l’esquisse de mesures stratégiques, notamment la restauration de l’ancienne conception du réacteur à eau lourde d’Arak, pour passer outre les sanctions économiques américaines.
Depuis 2018, le pays est soumis à un embargo et aux restrictions économiques américaines avec la politique dite de la « pression maximale ». Ces mesures visent les secteurs du pétrole, de l’aéronautique, et minier. De plus, il est interdit pour l’Iran d’utiliser le dollar dans ses transactions commerciales. Les entreprises qui outrepassent ces sanctions risquent des condamnations par les instances américaines.
Cette politique a plongé la République islamique dans une profonde récession. Téhéran espère pouvoir normaliser ses relations avec les États-Unis et multiplie les appels à la nouvelle administration Biden afin de lever les restrictions économiques. Mais avec l’annonce d’un enrichissement de son uranium à 20 %, l’Iran envoie aussi un message contraire prouvant l’attachement du pays à son programme nucléaire. Téhéran joue donc un double jeu avec les États-Unis. D’un côté, une politique de défi et de résistance à l’égard du gouvernement Trump. De l’autre, part une politique de main tendue envers la future administration Biden.
Les mesures prises par l’Iran vont certes, à l’encontre des dispositions de l’accord de Vienne, mais le pays promet une exécution scrupuleuse de ses disposions en échange d’une levée des restrictions économiques. Néanmoins, ce durcissement de position iranienne risque d’attirer de nouvelles restrictions de la part du gouvernement Trump qui compte bien aller jusqu’au bout avec ce dossier.
Ugo Viens
Pour aller plus loin :
- USA-Iran : Le géant pétrolier brésilien Petrobas suspend ses expéditions dans le détroit d’Ormuz
- En temps de crise, l’Europe utilise le dispositif Instex pour livrer du matériel médical à l’Iran