Chine et Etats-Unis à l’affût du redressement pétrolier du Venezuela

Au plus mal depuis les sanctions américaines de 2019, le secteur pétrolier vénézuélien est peut-être en passe de connaître un redémarrage qui serait salutaire pour l’économie et le régime de Caracas. Pékin voit cela d’un bon œil dans le cadre de l’axe qu’il essaye de créer avec l’Iran tandis que de leur côté, les États-Unis tentent également de profiter de la situation par l’intermédiaire de ses majors.

Assis sur les plus grandes réserves pétrolières du monde, le Venezuela connaît pourtant une situation économique dramatique depuis plusieurs années. La décision de Donald Trump en 2019 de frapper Caracas de mesures de représailles à l’encontre notamment de son secteur pétrolier n’aura fait qu’accentuer la descente aux enfers dans laquelle le pays est engagé. Mais depuis l’élection de Joe Biden, le pays gouverné par Nicolas Maduro multiplie les déclarations d'apaisement vis-à-vis de l’Oncle Sam afin de permettre un assouplissement des sanctions et de laisser ainsi son économie respirer. Depuis peu, les prévisions se montrent rassurantes pour le Venezuela. En mars, le pays a pompé près de 500 000 barils/jour soit une augmentation assez significative par rapport à la moyenne du second trimestre 2020 qui tournait entre 360000 et 390 000 barils/jour. 

Auparavant, Nicolas Maduro avait dans un premier temps saisi la main commerciale tendue par la Chine pour essayer de contourner l’embargo américain et continuer à vendre son pétrole. Les échanges entre la Chine et le Venezuela transitent clandestinement à travers des pays comme la Malaisie et permettent tant bien que mal à la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne PDVSA, de continuer à exporter. De manière similaire, Téhéran et Caracas avaient intensifié leur partenariat commercial autour du pétrole via des transactions en or pour échapper à l'extraterritorialité du droit américain s’appliquant sur les transactions en dollars. Un véritable axe stratégique s’est alors noué entre une Chine toujours plus vorace en hydrocarbures et des pays comme l’Iran et le Venezuela dans le besoin de commercialiser leur pétrole et de contourner les embargos américains.

Ainsi, les prévisions d’une augmentation de la production d’or noir s’avèrent exrêmement positives pour Caracas, très dépendante de son secteur pétrolier sur le plan économique. Le pays nécessite des investissements étrangers conséquents pour permettre l’exploitation de ses ressources à son potentiel maximal. Maduro a par ailleurs déclaré le 19 mars 2021 continuer à encourager cette tendance «que les portes du Venezuela sont ouvertes aux investissements pétroliers» ouvrant encore un peu plus la voie aux majors américaines et à des meilleures relations avec Washington. Pour aller dans le sens de cette déclaration, une loi devrait rapidement être promulguée abolissant le monopole étatique de la PDVSA et ainsi laisser place à des investisseurs étrangers. Chevron, déjà fortement ancrée, pourrait être le grand bénéficiaire de cette nouvelle politique.

 

Evan Tirologos 

 

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