Le fonds FiveT, premier fonds d’investissement ciblé sur l’hydrogène, a reçu plus de 260 millions d’euros d’intentions d’investissement. Les entreprises Plug Power, Chart Industries et Baker Hughes en sont les premiers acteurs, dans un secteur hautement stratégique. Zoom sur les trois partenaires américains de premiers choix, qui seront des sources d’influence en matière de production, de stockage et de distribution de l’hydrogène.
Considéré comme le premier fonds d’investissement consacré à l’hydrogène, “FiveT Hydrogen Fund” est un fonds privé créé en Suisse en 2006, dirigé par Pierre-Etienne Franc. Ce dernier, ex-patron de la société Air liquide et secrétaire général du Conseil de l’hydrogène, déclarait que “l'hydrogène propre transformera et décarbonera l’économie mondiale, en répondant à l’urgence climatique mondiale et en protégeant notre planète pour les générations à venir”. L’objectif de FiveT est d’atteindre une levée d’un milliard d’euros d’ici fin 2021 afin de devenir un catalyseur dans le secteur. Priorité est donnée au passage à l’échelle industrielle dans les infrastructures, afin de s’étendre par la suite aux technologies et aux entreprises de l’hydrogène.
Parmi ses premiers investisseurs, PlugPower, qui a apporté 160 millions d’euros est spécialiste des piles à combustible alimentées par l’hydrogène, remplaçant les batteries conventionnelles dans les véhicules électriques. Proche du marché énergétique français, l’entreprise vient de conclure un partenariat avec Renault pour la création d’une coentreprise dans l’hydrogène. Chart Industries, spécialiste en ingénierie de l’industrie pétrolière et de liquéfaction des gaz, investit quant à lui 50 millions d’euros. Proche également du secteur français, l’entreprise a investi auprès du fleuron de l’hydrogène McPhy. Enfin Baker Hugues, est une entreprise parapétrolière détenue à 62,5% par General Electric, dont les investissements dans le secteur de l’hydrogène en font un partenaire stratégique.
Les intérêts de l’hydrogène sont double, d’une part dans le secteur des mobilités, c’est un carburant alternatif, et d’autre part, dans le domaine de l’énergie, car en stockant et transportant l’énergie, l’hydrogène se fait vecteur énergétique (et non source d’énergie). Ce dernier provient de plusieurs sources différentes : le renouvelable (vert), le gaz (bleu) les énergies fossiles (noir, ou bleu si capture ou séquestration du CO2). Rarement présent à l’état pur dans la nature, sa production nécessite de le séparer d'autres éléments (carbone, oxygène …) et dépend donc d’une source d’énergie qui est aujourd’hui à 95% fossile. Cela pourrait expliquer un tel engouement de la part d’entreprises pétrolières pour le fond FiveT. Pour autant, l’hydrogène peut aussi être produit par électrolyse de l’eau, qui propose une décomposition via un apport d’énergie, qui, s’il est à base d’EnR, ferait de l’hydrogène un procédé complètement vert.
Il s’agit donc pour ces trois partenaires américains de placer leurs pions sur ce qui est déjà pensé comme l’énergie durable des avions, des transports et de la consommation civile. Si l’hydrogène vert reste aujourd’hui quatre fois plus cher que l’hydrogène d’origine fossile, les fonds d’investissements tels que le FiveT pourraient offrir matière à développement et provoquer une baisse des prix comme celles qu’ont connu les EnR.
Clémentine Balayer
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