Dans le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié début janvier, l’Union européenne s’est dressée au premier plan de l’innovation des technologies de l’hydrogène. La poursuite du développement de cette énergie est un véritable enjeu pour les pays européens qui pourraient, sur le long terme, réduire leurs dépendances aux énergies fossiles et donc aux pays producteurs de ces dernières.
Une étude de l’Office européen des brevets (OEB) et de l’AIE confirme l’engouement européen pour l’hydrogène avec 28 % des demandes de brevets internationaux en rapport avec cette technologie. Plus précisément, la France est à l’origine de 6 % des demandes de brevets internationaux sur l’hydrogène et elle dispose de plusieurs atouts comme l’entreprise Air Liquide ainsi que 18 startups dans ce domaine. L’Hexagone peut aussi compter sur ses centres de recherche comme le CEA et le CNRS.
Tendance brevet par grandes régions du monde (Famille internationale de brevet, 2001-2020)
Source : Office européen des brevets
Il est important pour la France d'accroître son savoir-faire dans ce domaine qui est pressenti comme un grand secteur d’avenir que ce soit en tant que carburant propre (pour les véhicules à hydrogène), ou encore pour le stockage d’énergie. Poursuivant cet objectif, le gouvernement français va investir 2 milliards d’euros dans sa stratégie hydrogène. L’Allemagne souhaite elle aussi développer ce secteur. En 2020, le gouvernement fédéral annonçait une enveloppe de 9 milliards d’euros à cet effet.
Dans le contexte où le Parlement européen est déterminé à mettre fin au moteur à explosion en 2035 et où la Chine se positionne comme l’acteur majeur de la voiture électrique, le développement d’une troisième voix en France et en Europe apparaît comme une opportunité importante pour l’avenir de ce secteur industriel.
La production de l’hydrogène pose toujours question dans le sens où celle-ci est particulièrement énergivore et dépendante d’énergies fossiles. En effet, la production d’hydrogène est aujourd’hui à 98 % d’origine fossile. Le défi important autour de l’utilisation de l'hydrogène est celui du rendement énergétique. En effet, pour 100 kWh injectés, seulement 24 kWh seront convertis en mouvement pour la voiture, soit un rendement énergétique de 24 % (ou alors une perte de 76 % de l’énergie). En comparaison, pour une voiture électrique, le rendement sera de 71 % (soit 29 % de perte). Réaliser des progrès dans ce domaine rendrait la technologie de l’hydrogène plus attractive permettant ainsi de plus grands investissements par le secteur privé dans l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production jusqu’aux stations.
Mathéo Quenault
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