Lors de ses vœux prononcés aux Invalides, le délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva annonçait les changements à venir pour la Direction générale de l’armement (DGA). Parmi eux la création d’une force d’acquisition rapide d’équipements devrait permettre à la France de s’organiser plus efficacement en cas de situation de crise.
Le 20 janvier 2023, le président de la République Emmanuel Macron présentait le nouveau projet de loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030. Celle-ci devrait s’articuler autour de quatre axes principaux à savoir le renforcement de notre souveraineté, l’anticipation des conflits de haute intensité, la défense des espaces communs ainsi que le renouvellement des partenariats.
Dans le contexte géopolitique actuel où la guerre de haute intensité fait son retour aux portes de l’Europe, la nouvelle LPM devrait permettre à la France de s’adapter aux menaces de manière plus agile. Un effort sera fait de manière combinée entre l’État et les industries afin de s’organiser dans ce qu’Emmanuel Macron nomme « économie de guerre ».
De son côté, la DGA qui a accueilli le 31 juillet 2022 son nouveau Délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva, a d’ores et déjà annoncé en partie son plan de réforme afin d’augmenter son efficacité.
Parmi ses projets et pour permettre « d'accélérer les circuits d’acquisition », Emmanuel Chiva prévoit la création d’une « force d’acquisition rapide ». Celle-ci devrait réduire les difficultés liées aux procédures administratives et aux normes. Elle devrait donc permettre à l’État d’acheter des équipements militaires plus rapidement en cas d’urgence.
Une Direction de l’industrie de défense sera également créée, rassemblant le service de l’intelligence économique et des affaires industrielles de la DGA. Cette direction aura pour objectif d’accompagner les industriels sur la réorganisation de leurs chaînes de fabrication et de leurs procédures internes. Elle aura aussi pour but de garantir l’orientation stratégique des entreprises de la Base industrielle et technologique de défense (BITD) et du soutien aux petites et moyennes entreprises (PME), créant ainsi une vision et stratégie commune et renforçant le lien État-entreprise.
Les projets de structure de la DGA sont à mettre en parallèle avec les simplifications structurelles entamées du côté de l’Agence des participations de l’État (APE), qui gère le portefeuille de ses actions. Les entreprises en question font toutes partie des secteurs stratégiques de la France, dont le secteur de la défense. Cela permet au gouvernement de gérer de manière plus directe ses liens avec les industriels, voire de les détenir à 100 % et garantir la survie d’un industriel important à notre souveraineté, comme cela a été le cas pour l’entreprise SNPE.
Les projets de la nouvelle Loi de programmation militaire posent les premières fondations de la stratégie globale du gouvernement dont l’objectif est de s’adapter aux nouveaux et futurs conflits. En passant d’un modèle fonctionnant en temps de paix à un modèle capable de performer en temps de crise, le gouvernement tente de renforcer la synergie État-entreprise avec un contrôle renforcé sur la la BITD, notamment sur ses capacités de production. La souveraineté de défense se définit, en effet, par la capacité de ces industriels à se doter d’équipements militaires de pointe et d’en détenir les chaînes de fabrications, les savoir-faire, ainsi que les compétences de maintien en condition opérationnelle (MCO).
Du côté des industriels, la hausse du budget prévu par la LMP est une bonne nouvelle, pour ceux qui en bénéficieront, accompagnée toutefois de contraintes supplémentaires. En effet, il faudra attendre la publication officielle pour prendre connaissance des parts du budget qui iront dans les investissements, les programmes de R&D et le fonctionnement des entreprises. Tout le monde ne sera pas gagnant, la nouvelle LPM précisera les nouvelles commandes à venir pour certains industriels, alors qu’elle annoncera également à d’autres une réduction de certains programmes, voire une annulation complète. Concernant la Direction de l’industrie de défense, celle-ci devrait notamment faciliter les procédures administratives entre les industriels et la DGA comme les normes et les certificats pour rendre la gestion de projet plus agile.
Enfin, la LPM devrait permettre d’avoir une vision actualisée des grands axes que l’organisation de défense devra prendre. En plus de l’annonce de la répartition des budgets et de la continuité ou non des programmes et commandes prévues et donc comment les industriels seront impactés, la LPM devrait donner des précisions sur les programmes collaboratifs comme le Système aérien du futur (SCAF) ou le Système principal de combat terrestre, le Main Ground Combat System (MGCS), tous deux en collaboration avec l’Allemagne.
Alexandra G.
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