Un an après l’annonce de la mise en vente de Photonis, un industriel de défense spécialisé dans les équipements de vision nocturne, l’offre de Teledyne, le veto du ministère de l’Économie et l’autorisation conditionnelle de rachat, le processus de cession touche visiblement à sa fin après que son acquéreur potentiel a déclaré l’arrêt des négociations. Il laisse ainsi sa cible sous pavillon français, soit par l’effet d’une interruption temporaire du processus, soit du fait de l’efficacité du dispositif de contrôle des investissements étrangers.
Le retrait de Teledyne sera-t-il définitif ? Après un premier veto de Bercy au titre du contrôle des investissements étrangers, l’équipementier américain avait finalement été autorisé à racheter son homologue français sous conditions : participation minoritaire de Bpifrance et droit de veto sur le management et les opérations en France et aux Pays-Bas. Devant ces exigences supplémentaires, Teledyne a informé la SEC (Securities and Exchange Commission) le 28 septembre de sa volonté de mettre un terme au processus d’acquisition, en justifiant la survalorisation de son offre (500 millions d’euros) au regard des conditions imposées. Selon les Echos, rien ne l’empêcherait donc de reprendre les discussions avec une offre réajustée tenant compte de ces contraintes, d’autant que la concurrence hexagonale ne s’est pas manifestée sur ce rachat.
Initiée en septembre 2019, la tentative de cession de Photonis intervient simultanément à la mise en place des procédures de contrôle des investissements étrangers en France et fait office de premier test médiatique de leur efficacité. A ce stade, difficile de déterminer si le retrait de Teledyne est le fruit de la pertinence du dispositif de contrôle ou bien le résultat d’une stratégie de négociation et d’ajustement de prix définie en amont.
Louis-Marie Heuzé