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Le fonds souverain angolais FSDEA investit dans le développement de ses minerais de terres rares

Récemment monté au capital d’une société australienne d’extraction de terres rares, le fonds souverain angolais, tout en manifestant une tendance à sécuriser son approvisionnement, se positionne en amont de la chaîne de valeur de l’éolien et des batteries, deux secteurs en croissance et grands consommateurs de terres rares, susceptibles de provoquer une flambée de la demande et une hausse des prix.

Annoncé le 25 septembre, l’investissement de 8,6 millions de dollars du Fondo Soberano de Angola (FSDEA) au capital de la société australienne Pensana Rare Earths, opérateur de la mine locale de Longonjo, fait monter sa participation de 17 à 23%. Il est le dernier d’une série d’opérations capitalistiques survenues en mars et en juin auxquelles le fonds avait déjà souscrit pour 2 puis 5 millions de dollars (soit près de 16 millions de dollars en tout). Entretemps, le groupe minier a intégré la cotation de Londres dans l’idée de lever une partie des 131 millions de dollars nécessaires au développement du projet. Le minerai de Longonjo est effectivement riche en néodyme et en praséodyme, deux métaux importants (du moins à l’heure actuelle) pour la fabrication et la performance des éoliennes offshore et des batteries pour voitures électriques. Des secteurs porteurs dans un contexte de décarbonation de l’économie européenne.

Reflétant par ces investissements successifs un intérêt croissant pour les secteurs d’avenir, l’Angola pourrait également – d’une part – maîtriser sa chaîne d’approvisionnement dans l’éventualité d’une stratégie nationale de transition énergétique dans les prochaines décennies. D’autre part, la forte hausse de la demande de ces matières premières (multipliée par 10 en Europe d’ici 2050) et la tension inhérente sur leurs prix permet à cet Etat-fournisseur de maîtriser une partie de l’offre internationale, d’impacter l’aval de la chaîne de valeur en fonction de ses intérêts, d’amorcer une rente financière à long terme et de se présenter en alternative à la production chinoise. Cette dernière, productrice de 80% des aimants à base de néodyme, semble d’ailleurs avoir trouvé une opportunité de satisfaire sa demande intérieure et étouffer une concurrence naissante en finançant 85% du projet Longonjo par l’intermédiaire de la China Great Wall Industry Corporation.

Enfin on peut rapprocher cette stratégie de structuration des flux de matières premières en amont de l’initiative de sécurisation de leur approvisionnement présentée par la Commission européenne début septembre, qui vient de se concrétiser avec la création de l’European Raw Material Alliance (ERMA).

Louis-Marie Heuzé