Le Green Deal Européen entraîne les pays membres dans les bras russes

Considéré comme un pilier fondamental des futures politiques européennes, le Green Deal européen (GDE) risque de réduire les sources d’approvisionnement des pays de l’Union en gaz naturel. Les contraintes écologiques auxquelles le GDE soumet les pays-membres avantagent pour l’instant les producteurs russes au détriment des américains.

Annoncé dès 2019, le Green Deal européen devrait se déployer plus vigoureusement à partir de 2021. L’objectif affiché est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 à travers tout une série de mesures favorables à la transition énergétique. Mais ce « pacte vert » doit dans le même temps essayer de diversifier au maximum l’approvisionnement en matières premières.

Cependant, la question de l’approvisionnement en gaz de l’Union Européenne commence déjà à faire rentrer ces deux objectifs en contradiction. La Russie, premier pays fournisseur de gaz naturel en Europe avec environ 40% importations totales, compte renforcer sa position dans les années à venir avec le projet du gazoduc Nord Stream 2. Son gaz extrait avec des techniques conventionnelles présente l’avantage d’être moins polluant que le gaz de schiste américain. La technique de fracturation hydraulique nécessaire pour l’extraction de ce dernier, libère de grandes quantités de méthane extrêmement nocives pour l’environnement.

Ainsi, même si le gaz de schiste américain aurait pu permettre de diversifier l’approvisionnement énergétique des pays membres, ses effets délétères rentrent en opposition frontale avec l’objectif de neutralité carbone du GDE. Le 3 novembre  dernier, la France a décidé dans cette optique d’intervenir et de faire échouer l’accord d’importation de gaz de schiste qui se profilait entre Engie et l’entreprise américaine NextDecade.

La Russie est donc actuellement en position de force sur le marché du gaz européen. Si de surcroit le projet Nord Stream 2 venait à aboutir, cela conforterait donc encore un peu plus son avantage sur les États-Unis.

Le projet de construction du gazoduc EastMed qui acheminerait le gaz provenant d’Égypte, d’Israël et de Chypre vers les pays de l’Union Européenne pourrait offrir un début de solution. Il présenterait l’avantage de diversifier les sources d’approvisionnement tout en respectant au maximum les objectifs écologiques.

                                                                                                                                                                                                      Evan Tirologos

 

Pour aller plus loin :

L’Europe de l’Est, terrain des luttes d’influence énergétiques entre la Russie et les Etats-Unis (3/3) : Quelle place pour l’Union Européenne dans ces reconfigurations ?