Le projet franco-allemand d’un cloud européen est rejoint par 180 sociétés. Parmi ses nouveaux arrivants, on trouve Microsoft, Google, Palantir, Alibaba, Huawei, et bien d’autres. Un projet de cloud européen phagocyté par les géants étrangers.
Ce projet a été annoncé en juin 2020 par les ministres de l’Économie française et allemande, en réponse au Cloud Act promulgué par le président américain Donald Trump en 2018. Il vise à la création d’un cloud mettant en avant sa spécificité européenne face aux géants du numérique chinois et américains. Pourtant, la ministre adjointe allemande à la numérisation, Dorothee Bär, a déclaré que GAIA-X « n’en sera pas moins ouverte aux utilisateurs et aux opérateurs du monde entier, à la condition qu’ils respectent nos règles de gouvernance. ».
Effectivement, ce projet de cloud semble avoir séduit les acteurs centraux de la fintech mondiale. De nombreuses entreprises et institutions l’ont rejoint, notamment des membres des GAFAM et des BAXT. Pourtant, à la suite des récentes révélations de la prédation de Google sur les instances européennes, ou de la mise au pas d’une filiale d’Alibaba par le parti communiste chinois, on peut s’interroger, tant sur les intentions de ces géants que sur les motivations des dirigeants européens. Des décideurs revendiquant la spécificité européenne du cloud, mais acceptant aujourd’hui d’intégrer de puissants groupes étrangers en litige avec la justice pour violation de données.
Le conseil d'administration de GAIA-X ne pourra être composé que de groupes ayant leur siège mondial en Europe. Malgré cette « sécurité », il est légitime de se demander si ce projet n’a pas été vidé de sa substance avant même sa réalisation. Ressemblant davantage à une tentative pour l’Union européenne de fabriquer une machine à faire de la norme plutôt que d’acter la création d’une souveraineté européenne dans les domaines du numérique.
Paco Martin
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