Florence Parly, actuelle ministre des Armées, a confirmé ce vendredi 4 Décembre, la création de DefInnov, fonds d’investissement souverain pour soutenir l’innovation des start-ups et des PME dans le secteur de la Défense. En s’associant avec la BPIFrance, le fonds devrait être doté de 200 millions d’euros pour une durée de 6 ans. En toile de fond se dresse une réelle volonté pour la France d’assurer une innovation technologique pour les années à venir.
Le fonds doit désormais répondre aux actuelles ambitions des orientations de l’innovation de Défense 2020 : domaine hypersonique, lutte anti-drones, technologie quantique. Face à ces secteurs gourmands en capitaux (la Défense représente 1,7 milliard d’euros de budget soit 1.87% du PIB), la dotation pourra être doublée via des investissements d’industriels notamment.
Ce nouveau FID (Fond Investissement Défense) privilégiera les start-up, PME et ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) en phase de croissance, aux technologies duales et transverses, représentant un réel potentiel d’intégration dans le système de défense français.
En effet, les deux sénateurs français Cédric Perrin et Jean-Noël Guérini avaient alerté dans leur rapport « Innovation de la Défense » en Juillet 2019 du manque de clarté concernant le financement de l’innovation en matière de Défense; Dispositif RAPID, Crédit Impôt Innovation, DefInvest, programme ASTRID (projet de financement d’innovation de Défense financé par la Direction Générale de l’Armement), autant de dispositifs qui n'assurent pas, selon le rapport, suffisamment d’efficacité et d’autonomie stratégique à l’innovation en matière de Défense.
En outre, comme le rappelait le rapport sur la BITD de juin 2020 (Base industrielle et technologique de défense) porté à l’Assemblée Nationale, la poursuite de l’effort financier de défense est primordiale. Ce nouveau fonds devra compléter DefInvest, son modeste prédécesseur, (budget de 50M€) à la réussite plus nuancée. Ce dernier, qui s’était réorienté vers le capital-risque (visant à financer des startups non-cotées), a délaissé le capital-développement (privilégiant des entreprises plus matures et développées) qui constitue pourtant la pierre angulaire du succès et de l’autonomie stratégique des futures pépites françaises de Défense. Un financement souverain permettrait sans doute d’éviter la déroute connue notamment par Photonis, reprise par l’américain Teledyne, mettant en péril l’indépendance industrielle française.
Cette nouvelle initiative permettra donc une marge de manœuvre défensive plus ample pour éloigner les ingérences que portent les investissements étrangers ; la France restant parmi les destinations les plus attractives des investissements étrangers en Europe avec l’Allemagne et le Royaume Uni en tête de peloton.
Sofiane Bourzoufi
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