Depuis 2012, Xi Jinping s’est efforcé de mettre au pas « les mouches » et les « tigres » de l’Empire du Milieu afin de garantir la toute puissance du parti. Ainsi, les nouvelles dispositions de la loi anti-monopole adoptées en 2020 dont la dernière date du 14 décembre, matérialise outre la mise au pas ses géants du numérique, la volonté de faire émerger des solutions chinoises face aux GAFAM américains.
Le 1er août 2008, sous la présidence de Hu Jintao le parti communiste chinois (PCC) mettait en place sa loi anti-monopole afin de lutter contre les abus administratifs, de position dominante sur le marché et les phénomènes de concentration. Le 2 janvier 2020, cette loi est révisée par l’administration chargée de la régulation des marchés afin d’être en capacité de gérer les secteurs liés au numérique et d’imposer des sanctions plus importantes en cas d’infraction. Cette nouvelle législation s’accorde parfaitement avec la volonté de Xi Jinping de durcir son contrôle sur ses géants de la fintech et avec les ambitions chinoises de devenir la puissance de référence dans le domaine du numérique.
Depuis le début de l’année 2020, Xi Jinping n’a cessé de marquer sa volonté de mettre au pas le secteur privé chinois, par exemple avec la suspension de l’introduction en bourse d’Ant Group le 3 novembre 2020. Cette année a vu en Chine une montée de la pression antitrust, comme le 10 novembre 2020 où les autorités chinoises ont dévoilé la réglementation anti-monopole s’appliquant aux géants de l’informatique. Ce nouveau dispositif a eu pour effet, le 14 décembre 2020, de voir les géants Alibaba et Tencent condamnés à verser une amende dérisoire, mais symbolique de 500 000 yuans (70 000 euros). Des sanctions qui permettent à Xi Jinping et au PCC de rappeler aux BHAXT (Baidu, Huawei, Alibaba, Xiaomi et Tencent) que c’est le politique qui a les leviers de l’avenir économique du pays.
Le plan décennal (2015-2025) « Made in China 2025 », a pour objectif numéro 1 de faire de la Chine la référence du numérique et de permettre un basculement économiquedu pays vers l’innovation et la consommation intérieure. Dans ce contexte, cette loi anti-monopole peut être interprétée comme une tentative de favoriser l’émergence de structures concurrentes sur le marché chinois. La pression antitrust peut permettre de dégager des espaces afin de voir l’apparition de nouvelles entreprises numériques chinoises.
Enfin, en spéculant sur une future ouverture du marché chinois, cette législation antitrust pourrait permettre à la Chine d’utiliser, sur son sol, cette loi comme outil de « patriotisme économique » face aux « dinosaures » du numérique américains. Un dispositif qui pourrait donner l’occasion à la Chine d’enfin trouver une alternative à l’implantation historique de Microsoft sur son territoire, seul GAFAM présent dans le pays.
Paco Martin
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