La BCE démarre une guerre informationnelle contre le bitcoin

Christine Lagarde s’est exprimée le 7 février contre les crypto-monnaies dont le bitcoin qui menace le monopole monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE). En effet, l’attrait pour le bitcoin ne peut que poser problème aux banquiers centraux puisqu’il a été créé afin de proposer une alternative aux monnaies centralisées. L’offensive de la patronne de la BCEs’explique également par le projet de monnaie numérique de banque centrale au niveau européen mais également par les risques posés par l’inflation de la masse monétaire.

L’attrait pour les cryptomonnaies, symbolisé par des records de valorisation du bitcoin, a de quoi inquiéter les banquiers centraux. Tout d’abord, comme le rappelle Christine Lagarde, les crypto-monnaies ne disposent pas de toutes les caractéristiques d’une monnaie classique même si elles évoluent de plus en plus vers ce modèle. Cela constitue un risque pour les investisseurs qui peuvent se faire piéger par ce biais syntaxique. Pour rappel, la monnaie est définie classiquement par trois fonctions: sa capacité à être une unité de compte, un intermédiaire des échanges et une réserve de valeur. Or ces deux dernières font en partie défaut lorsque sont évoquées les “cryptos”. La volatilité de ces instruments en fait un excellent véhicule spéculatif mais rarement une véritable réserve de valeur bien qu’elles deviennent de plus en plus des intermédiaires dans les échanges notamment via Paypal.

Ensuite, en prenant en compte que la crise sanitaire a accéléré la numérisation des paiements, les banquiers centraux se doivent de réagir en intégrant au système monétaire centralisé la technologie issue des crypto-monnaies. À cet égard, les banquiers centraux promeuvent désormais l’utilisation du terme “crypto-actifs”. Cette opération d’influence s’explique par la volonté de ne pas légitimer ces véhicules lorsque toutes les monnaies seront digitalisées à l’exemple du yuan ou du projet d’euro digital. En effet, la BCE a lancé une consultation publique qui s’est achevée le 12 janvier dernier afin de déterminer les attentes des populations en la matière. 

Si à l'heure actuelle, les “cryptos” ne semblent pas être de véritables concurrents aux monnaies centrales, il ne faudrait pas oublier le double risque monétaire. Premièrement, depuis les années 2000, les banques centrales ont massivement augmenté la masse monétaire en circulation comme jamais dans l’histoire. Ces politiques qui s’expliquent par la volonté de soutenir l’économie de la dette dans un contexte de ralentissement de croissance enferment les banquiers centraux. Deuxièmement, l’Empire du Milieu a fait de l’internationalisation du yuan une des priorités de sa politique extérieure. Les monnaies centrales organisées autour de la parité avec le dollar sont donc soumises à deux risques qu’elles ne peuvent que difficilement contrôler : la remise en cause de la domination américaine qui pourrait provoquer une forte volatilité des taux de changes qui serait aggravé par le déficit de confiance provoqué par l’inflation monétaire. Les “cryptos”  serait donc une possible alternative pour les agents économiques, dont la raison d’être est de solutionner les problèmes inhérents à une monnaie centralisée: son utilisation politique.

 

Pierre-Guive Yazdani

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