Bordeaux nouvelle porte d’entrée pour le cloud américain en Europe ?

Avec le nouveau data center BX1 construit en Nouvelle-Aquitaine par l’américain Equinix, entreprise spécialisée dans l’hébergement de données et la connectivité, Bordeaux devient une nouvelle porte d’entrée pour l’échange de données entre les États-Unis et l’Europe. BX1, dont le principal client serait Orange, permettrait également de relier les États-Unis au Royaume-Uni et à l’Union européenne via la France, soulevant une nouvelle fois la question de la souveraineté numérique en Europe.

Le data center BX1 est construit par l’entreprise américaine Equinix, cette dernière étant déjà bien implantée en Île-de-France avec neuf data centers. Il s’inscrit cependant dans une optique plus large que le stockage de données en Nouvelle-Aquitaine et sera l’occasion pour la région de développer son économie et plus particulièrement le secteur du numérique en bénéficiant à un écosystème de start-ups locales. Le data center permettra également de relier grâce au nouveau câble sous-marin Amitié l’Europe aux États-Unis. Ce dernier est possédé à plus de 80% par Facebook, Orange ne disposant que de la partie du câble se situant  dans les eaux territoriales françaises.  Il relie les deux continents par trois stations que sont : la Lynn Cable Landing Station pour les États-Unis, la Bude Cable Landing Station pour le Royaume-Uni et la Le Porge Cable Landing Station qui connectera le BX1 au reste de la France et de l’Europe, notamment les installations d’Equinix en Île-de-France. Enfin, le datacenter inclut également une dimension écologique du fait d’une alimentation électrique totalement composée d'énergie renouvelable. 

Si la création d’un nouveau hub dans le sud-ouest de la France est économiquement une bonne nouvelle, le projet soulève néanmoins les difficultés que rencontre l’Europe pour contrôler les données circulant sur son territoire. Outre un bouclier normatif, représenté par le RGPD qui permet de protéger les données des européens, l’Europe peine à  acquérir les infrastructures matérielles et immatérielles qui sous-tendent le monde numérique, faute d’un champion en la matière. En témoigne le choix de Microsoft comme prestataire de la plateforme hébergeant les données de santé des Français, Health Data Hub, démontrant à la fois la prise de conscience du Vieux Continent sur la question de la sécurisation des données personnelles et les difficultés à mettre en place des solutions pérennes.   

 

Julien Cossu
 

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