Les États-Unis dénoncent le manque de maturité cyber de l’Union Européenne

Lors de la rencontre entre Margrethe Vestager de la Commission européenne et Mark Warner, président de la Commission du renseignement du Sénat américain, les États-Unis ont appelé à une cyber collaboration transatlantique contre l’axe sino-russe à la suite de l’affaire SolarWinds. Cette attaque informatique attribuée aux services de renseignement russe par Washington, a également impacté les pays membres de l’Union sans qu’elle ait sur le vieux continent le même retentissement médiatique, au grand dam du sénateur.

Au cours de la rencontre organisée le 19 avril par Politico entre le sénateur américain démocrate Warner et président de la Commission du renseignement du Sénat et la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Margrethe Vestager, les États-Unis se sont montrés inquiets quant à la prise en compte de la menace cyber par les Européens. 

En effet, le sénateur s’est montré atterré par le fait que l’attaque SolarWinds, attribuée à Moscou par Washington, “n’ait pas semblé recevoir autant d’attention qu’elle mérite” sur le Vieux Continent. Cette dernière est à l’origine d’une crise diplomatique entre les États-Unis et Moscou qui semble s’envenimer de plus en plus. En outre, Mark Warner a osé nommer l’ennemi puisqu’il a désigné la Russie et la Chine comme des adversaires de premier niveau, regrettant également que les Européens ne dénoncent pas le danger que représentent les géants de la tech chinois. N’ayant pas peur de citer des noms, il  a directement critiqué Alibaba et Baidu; la vice-présidente bottant technocratiquement en touche. Enfin, il demande une réflexion sur la limite entre espionnage acceptable et attaque sur un État.

Cependant, les deux intervenants se sont félicités de l’ouverture du dialogue concernant l’imposition des géants du numérique et leur responsabilité sociale. Néanmoins, après la proposition américaine d’un taux d’imposition minimum mondial des sociétés et l'accueil mitigé qu’elle a reçu en Europe, les États-Unis, par l'intermédiaire du sénateur attendent plus de l’UE. C’est-à-dire plus que la simple restauration des principes de fonctionnement des marchés via le Digital Market Act et le Digital Services Act, à savoir : transparence, équité, concurrence, liberté d'entreprise. Ces dispositifs en cours de discussion devraient être complétés par un prélèvement “soft”, ce qui ne devrait pas convaincre l’administration américaine, d’autant plus que le même jour, la vice-présidente a déclaré que l’UE devait être “meilleure dans l’analyse des paiements non-monétaires et du rôle de la data”; indiquant un niveau de maturité cyber bien médiocre en Europe pour 2021 .

 

Pierre-Guive Yazdani

 

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