La course aux batteries est lancée

L’heure est à l’électrique dans l’industrie automobile et par conséquent il devient indispensable aux constructeurs de sécuriser leurs approvisionnements en batteries. Pour ce faire, Stellantis prévoit de construire deux méga usines dont une dans le nord de la France. Les autres constructeurs européens ne sont pas en reste, Volkswagen en prévoit 6 alors que l’Automotive Cells Company (ACC) parle d’un Airbus des batteries pour faire face à la concurrence globale.

Selon le directeur général de Stellantis Carlos Tavares, les véhicules à batteries représenteront 70% des ventes en 2030 contre 14% cette année.  De fait, la question de l’approvisionnement en batterie pour les grands constructeurs automobiles devient éminemment stratégique. Pour répondre à cette problématique, Stellantis vise à construire via la coentreprise ACC qu’elle détient avec la filiale de Total Saft, deux méga usines de batteries. La première doit entrer en service au second semestre 2023 à Douvrin/Billy-Berclau dans les Hauts de France pour une capacité totale de 24 GWh. La seconde de même dimension doit entrer en service en Allemagne en 2025 ce qui permettra de fournir des batteries pour 1 million de véhicules chaque année. 

Stellantis n’est pas le seul grand constructeur européen à se lancer dans le projet de production de batteries, Volkswagen prévoit à lui seul de construire 6 méga usines en Europe d’ici à 2030 cumulant 240 GWh par an. La prise de conscience européenne sur le sujet des batteries est illustrée par Yan Vincent, le directeur général d’ACC qui parle d’un Airbus des batteries pour rester compétitif et souverain sur ce secteur d’avenir. 

L’Europe doit néanmoins faire face à une sérieuse concurrence outre-Atlantique dans le domaine. Tesla, champion américain de la batterie et de l’électrique produit déjà des batteries en grand nombre (20 GWh pour la Gigafactory 1 mi-2018). De plus, l’américain ne compte pas s’arrêter là et souhaite accroître sa production pour dominer le marché mondial. Cependant, si les Américains brillent par la qualité de leurs batteries, la Chine reste le leader du marché. En outre, la Chine maîtrise efficacement la chaîne de valeur grâce à leur production massive de terres rares et le rachat de mines de lithium et de métaux stratégiques en dehors de l'Empire du Milieu. 

La conjugaison de la hausse de la demande de batteries et du contrôle de la Chine sur ce marché fait peser un risque majeur de souveraineté économique. L’Europe, ne contrôlant pas la chaîne de valeur du secteur, risque de rencontrer d’importantes difficultés pour sécuriser ses approvisionnements face à la Chine et aux Etats-Unis. 

 

Julien Cossu

 

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