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Les câbles sous-marins en Micronésie, objet d’une guerre réputationnelle entre Washington et Pékin

Vendredi 18 juin 2021, la Banque mondiale a refusé d’attribuer le contrat pour la pose de câble sous-marin dans les îles du Pacifique. La raison : la prise en compte par les gouvernements locaux des avertissements américains à l’encontre du constructeur chinois, HMN technologies, et des risques sécuritaires que pourrait impliquer la pose de la technologie chinoise. Une décision contestée par le ministre chinois des Affaires étrangères qui met en évidence la guerre réputationnelle que mène Washington contre Pékin.

La Banque mondiale a décidé de ne pas attribuer le contrat de pose de câble de communication sous-marin pour cause de non-réponse au document d’appel d’offre. En effet, les États insulaires du Pacifique ont décidé de tenir compte des avertissements américain quant au risque d’incorporer des technologies chinoises dans leurs systèmes de communication. Afin d’éviter tout scandale, la Banque mondiale préfère donc ne pas attribuer le contrat pour le moment. 

Le nouveau système de câblage de la Micronésie orientale prévoit de relier les nations de Nauru, Kiribati, et les États fédérés de Micronésie. Ce système doit permettre d’améliorer les communications du fait de sa capacité de données bien supérieure au réseau satellite. Cependant, la pose de câble de communication sous-marin est toujours un sujet sensible comme le rappelle l’affaire des câbles du Pacifique de juin dernier. Les États-Unis comptent bien conserver leur emprise sur ces "autoroutes" de données sous-marines et cherchent impérativement à ralentir les velléités chinoises dans ce secteur. Dans le cas de la Micronésie, la société chinoise HMN technologie risquait bien de remporter le contrat du fait d’une offre 20 % moins chère que ses concurrents Alcatel submarine network et Nokia. Une option non envisageable pour les États-Unis qui ne veulent pas risquer de connecter l’île de Guam à un réseau chinois. 

Ce mouvement sécuritaire peut se comprendre de la part de Washington, mais il implique beaucoup plus qu’une simple perte de contrat pour la Chine. En effet, la Chine se voit encore une fois refuser un marché du fait de supposées tendances à l’espionnage de ses partenaires. Cet argument est ici assez ironique, lorsque l’on connaît les tendances américaines à utiliser ces mêmes câbles dans des logiques de guerre économique. C’est donc une véritable guerre de réputation qui se joue sur les technologies américaines et chinoises. Washington veut faire sortir la Chine du secteur en asphyxiant leurs entreprises de télécommunications qui lui  permettrait de contrôler quasiment l’intégralité des câbles sous-marins du globe. 

Si la Chine ne semble pas encore répondre trop violemment à ces manœuvres, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois rappelle que « toutes les parties devraient fournir un environnement non-discriminatoire auquel les entreprises de tous les pays, y compris la Chine, devraient pouvoir participer ». La Chine reste donc pour l'instant diplomate et préfère rassurer les marchés et ses possibles futurs investisseurs, mais reste désormais à savoir jusqu’à quand Pékin va jouer cette partition.
 

 Ugo Viens 

 

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