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Prix du baril : alliance inédite entre les États-Unis et la Chine

Dans une alliance inédite qui met une nouvelle fois en lumière la traditionnelle confrontation entre les pays producteurs de pétrole et les pays consommateurs, les États-Unis et la Chine ont annoncé de concert qu’ils puiseraient dans leurs réserves stratégiques de pétrole. L’objectif affiché est de freiner l’inflation de l’or noir consécutif à la reprise post-covid. Ils sont accompagnés du Japon, de l’Inde, ainsi que du Royaume-Uni.

Alors que le prix du baril a grimpé de 60 % en un an et a retrouvé son niveau de pic de fin 2018, l’explosion des prix de l’énergie semble être un grave facteur de déstabilisation dans les pays consommateurs. Cette hausse oblige ces derniers à prendre des mesures inédites, ainsi qu’à former des alliances inhabituelles, qui apparaissent cependant logiques dans notre modèle énergétique à dominance fossile. 

Fait rare, Joe Biden a annoncé que les États-Unis puiseraient dans leurs réserves stratégiques nationales à hauteur de 50 millions de barils de pétrole. Selon le président américain, cette initiative aurait comme objectif de freiner la hausse des prix de l’énergie. 

En augmentant l’offre, les pays consommateurs espèrent ainsi faire baisser les cours de manière mécanique et ainsi faire pression sur les pays producteurs (les membres de l’OPEP et la Russie) qui refusent jusqu’à présent d’augmenter leurs productions. 

Faisant suite à l’annonce de Joe Biden, Zhao Lijian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a annoncé que la Chine suivrait l’initiative américaine (même si le nombre de barils chinois ne dépasseront pas les 10 millions). Bien que Washington et Beijing nient toute collaboration, cette action témoigne d’une solidarité larvée entre les pays consommateurs et les pays producteurs, recentrant de manière inattendue les énergies fossiles aux cœurs des tensions entre puissances. 

Dans la nuit de mardi à mercredi, le Japon, l’Inde, la Corée et le Royaume-Uni ont annoncé se joindre à l’initiative américaine et chinoise. De l’autre côté, les pays producteurs ont mis en place un accord de limitation volontaire de production afin de gonfler les prix du pétrole, laissant ainsi plus de 4 millions de barils par jour sous terre par rapport aux besoins. 

Une réunion entre les  pays de l’OPEP et la Russie est prévue le 2 décembre. Toutefois, malgré la demande de Joe Biden de mettre fin à cette politique de restriction, ces derniers ont d’ores déjà annoncé qu’ils n’augmenteront leur production que de 400 000 barils par jour. 

Très minimes au regard des besoins (les 50 millions de barils américains ne représentent que 3 jours de la consommation américaine), ces annonces semblent avoir été anticipées par les marchés et n’ont que très peu d’effets. Au vu des résultats, cette annonce  semble être avant tout une mesure politique de la part de Joe Biden, à la veille de Thanksgiving. Ce volontarisme est néanmoins partagé par tous les pays consommateurs, y compris non démocratiques, qui redoutent les impacts d’une hausse trop rapide des prix de l’énergie sur la paix sociale.

Arnaud Sers

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