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Séance publique au Sénat : comment enrayer le déclin de la puissance économique française ?

Lors d’une séance publique au Sénat ce mardi 30 novembre 2021, les intervenants ont tous exprimé leur crainte de voir la France reculer sur le front de la guerre économique, redoutant pour la stabilité sociale du pays. C’est un premier pas dans une prise de conscience politique des enjeux autour de l’IE. Retour de notre envoyé sur les points clés de la séance, en cette fin d’année 2021, qui semble marquer un tournant dans l’appréhension de ce sujet au niveau politique et laisse peut-être présager un changement de cap à l’approche de 2022.

Au cours de la séance intitulée « Perte de puissance économique de la France et ses conséquences sur la situation sociale et le pouvoir d’achat », le Sénat a rappelé que la puissance est la capacité d’un acteur à imposer ses choix aux autres acteurs. Or, malgré la 6e place de la France au classement des puissances mondiales en termes de PIB, des ombres persistent au tableau. Le Sénat pointe du doigt un système social et d’innovation obsolète, une dégradation de la compétitivité et une précarisation croissante d’une grande partie de sa population et cherche des solutions. 

Le constat est clair. La perte de puissance de la France est préoccupante, car elle impacte directement la situation sociale. Les sénateurs considèrent qu’en subissant la guerre économique, nous causons le déclin actuel de la France. En revanche, si la France devient un acteur de l’IE, elle lui permet de rétablir un climat social propice et d’augmenter le pouvoir d’achat des Français. Dans ce cadre, il est donc intéressant de noter que l’IE est uniquement perçue comme un moyen économique au service du système social global. Comme l’a souligné Daniel Salmon, sénateur membre du Groupe Écologiste – Solidarité et Territoire, une puissance prédatrice n’est « ni souhaitable, ni réaliste », si elle ne trouve pas de répercussions économiques et sociales réelles. 

Mais comment agir pour inverser la tendance ? Au travers de leurs interventions, les sénateurs et sénatrices formulent des propositions en matière de politiques préventives et de politiques publiques sociales. Pour les Groupes Union Centriste et Les Républicains, enrayer la perte de puissance de la France passe par la réindustrialisation du pays, le rapatriement d’une partie de la production industrielle délocalisée et la recherche partenariale entre opérateurs publics et privés. La sénatrice Anne-Catherine Loisier table notamment sur la prise de la présidence française de l’Union européenne pour promouvoir une « relance de l’offre européenne ». 

Le Groupe Rassemblement démocratique et social européen propose de son côté des mesures exigeantes de politiques publiques en matière de normes sociales et environnementales. Il propose d’augmenter les salaires les plus bas, instaurer une taxe carbone aux frontières européennes et investir massivement dans la recherche publique.  

Toutefois, plusieurs sénateurs comme Jean-Louis Lagourge (Groupe Les Indépendants – République et Territoires) souhaitent relativiser cette perte de puissance. Il met en perspective ce déclassement au regard de la montée en puissance de nouveaux pays comme la Chine. Il ne s’agit donc plus de voir augmenter le PIB, mais de le voir augmenter plus vite que les autres. 

La prise de conscience collective d’un déclin économique et culturel français est réelle. Les différents groupes – de la droite à l’extrême gauche – s’emparent chacun des enjeux de puissance et de guerre économique, qu’ils appréhendent et décryptent à travers leur prisme politique. Il reste maintenant à l’État de sortir des discours et des stratégies pour oser mener et remporter les batailles économiques sur de nouveaux fronts. La solidité de notre modèle social en dépend.  

 

Olivia Luce

 

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