Le 20 mai 2021, M. Joffrey Celestin-Urbain, chef du Service de l’information stratégique et de la sécurité économiques (SISSE), est audité auprès du Sénat sur le thème de l’intelligence économique, devant les membres de la Délégation aux entreprises. Le point d’orgue de son propos : la sécurité économique n’est pas seulement l’affaire de l’Etat, mais l’affaire de tous les acteurs économiques stratégiques français.
La captation de renseignements stratégiques et pratiques à haute valeur ajoutée peuvent faire l’objet de pratiques offensives de la part d’entreprises ou d’Etats, comme l’a vécu l’entreprise Alstom lors de son rachat par General Electrics. De plus, la révolution numérique a fragilisé les entreprises et renforcé leur patrimoine immatériel. Dans ce cadre-là, l’intelligence économique est devenue de plus en plus sensible et en lien avec la cybersécurité, comme le démontre l’attaque du logiciel clef de Solarwinds en 2021.
Ainsi, M. Joffrey Celestin-Urbain souligne la résurgence des rapports de force économiques mondiaux entre grandes zones économiques et les intérêts stratégiques qu’ils sous-tendent. L’accélération du rythme de l’innovation technologique amplifie la concurrence internationale pour l’accès aux technologies clefs. La transition numérique permet l’apparition d’acteurs dont le caractère systémique peut générer des externalités économiquement négatives. Des entreprises stratégiques françaises existent, parmi lesquelles sont compris de grands groupes mais aussi des PME ou des ETI, et des startups pépites qui méritent d’être protégées pour leurs technologies potentiellement souveraines qu’elles développent. Les avantages comparatifs de notre économie se trouvent aussi dans nos organismes de recherche.
Il s’agit alors d’assurer le traitement systématique de tous les signaux d’alerte générés par des menaces étrangères afin de conserver la main sur notre souveraineté à travers l’écosystème technologique français. La pression économique étrangère est aujourd’hui très forte comme le prouvent le rachat de certaines entreprises pépites françaises à l’étranger. Des rachats d’entreprises seraient aujourd’hui bloqués ou encadrés par l’administration française, afin d’assurer la propriété intellectuelle française ou sa souveraineté, et la vigilance est accrue sur les partenariats de recherche et la protection des données sensibles par le biais de la loi de blocage. Tous ces outils permettent à l’administration française d’avoir des leviers pour la protection des intérêts économiques de notre pays, souligne Monsieur Célestin-Urbain.
Malgré le projet de loi à l’étude et les mesures mises en place par le gouvernement, la sécurité économique reste l’affaire de tous : chaque acteur économique français est le maillon de la sécurité de la souveraineté nationale, par le biais d’une responsabilité propre accrue. L’Etat doit toutefois rester le garant de la souveraineté économique française en mettant à disposition de ces acteurs les outils adéquats pour défendre leurs intérêts qui nourrissent la souveraineté nationale.
Maryam karkach
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