TotalEnergies sous pression: des ONG attaquent le géant pour ses activités en Russie

Lundi dernier, des activistes sont rentrés au siège de TotalEnergies pour protester contre les actions du géant français en Russie. Cela souligne la dimension réputationnelle du risque lié aux maintien de liens économiques avec la Russie. La guerre informationnelle cache cependant des réalités économiques.

“Votre gaz, Leur sang”, “Votre pétrole, Leur sang” lisaient les pancartes des activistes des Amis de la Terre, Alternatiba et Action Non Violente COP21, en début de semaine dernière au siège de TotalEnergies à la Défense. Sous la pression, TotalEnergies a annoncé dès mardi ne plus acheter du gaz russe d’ici la fin de l’année 2022. Les multinationales des hydrocarbures Shell, BP et Equinor avaient déjà annoncé leur intention de cesser leurs activités en Russie fin février.

Cependant s’il est possible de tenir cet engagement avec le pétrole, en allant chercher des débouchés en Pologne et surtout en Arabie Saoudite, la réalité est autre pour le gaz pour lequel TotalEnergies est complètement dépendant de la Russie. Le gaz faisait d’ailleurs partie de la stratégie long terme du groupe qui est actionnaire à 19,4 % de Novatek et détient respectivement 20 % et 10 % dans les projets Yamal LNG et Arctic LNG 2. Au-delà de l’intérêt économique, il faut souligner que le retrait du géant français du capital de ces acteurs stratégiques pourrait laisser place à d’autres actionnaires comme des oligarques russes ou des investisseurs chinois.

Les coups médiatiques des ONG jouent définitivement un rôle dans la guerre informationnelle que mènent les entreprises concurrentes, car la réalité économique reste la même pour tout le monde. La consommation et le niveau de vie de la population française et a fortiori occidentale, combinés à l’existence limitée d'alternatives, fait que les groupes comme TotalEnergies sont pris entre le marteau et l’enclume. Ils subissent une pression réputationnelle de la part d’ONG et du gouvernement-même qui a encouragé la politique de dépendance vis-à-vis du gaz. Par ailleurs, comme le rappelle Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, dans l’Opinion, « contrairement à ce qui a été écrit, les pétroliers américains n’ont pas encore quitté complètement la Russie ». 

Le conflit russo-ukrainien place TotalEnergies devant un dilemme : continuer d’offrir le flanc aux accusations des ONG au risque d’entacher l’image du groupe, ou bien quitter la Russie et perdre des partenariats particulièrement profitables pour la société. 

 

Ambre Barria

 

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