Le 30 novembre 2022, lors de son sommet annuel, le “Airbus Summit”, le constructeur européen a dévoilé les travaux réalisés sur son moteur à zéro émission alimenté par hydrogène. Bien que, sur ce marché, la voie semble libre pour Airbus, son président-directeur général Guillaume Faury insiste sur le fait que l’adaptation de l’écosystème est indispensable à la faisabilité du projet.
Cette annonce fait suite à un engagement de long terme du constructeur quant au développement de l’hydrogène dans l'aéronautique. Convaincue que cette source d’énergie est l’une des meilleures solutions pour donner naissance à un avion n’émettant pas de dioxyde de carbone, l'entreprise explore depuis plusieurs années les perspectives de développement d’un moteur à pile combustible alimentée par hydrogène. Ainsi, en 2020, Airbus avait créé la coentreprise Aerostack avec ElringKlinger, une société allemande spécialisée dans la fourniture de composants et de systèmes de piles à combustible.
Cependant, cette annonce doit être mise en perspective. Selon Glenn Llewellyn, vice-président des avions zéro émission chez Airbus, les moteurs à pile combustible pourraient permettre de faire voyager 100 personnes avec une autonomie d’environ 1000 nautiques (1850 kilomètres), et ce seulement si les objectifs technologiques sont atteints. Bien que cette innovation représente une réelle prouesse technologique, cela n’apparaît clairement pas suffisant pour alimenter des avions moyen-long courrier.
C’est l’une des raisons pour laquelle Boeing, l’éternel rival de l’entreprise européenne, émet de sérieuses réticences quant au développement de l’hydrogène dans l’aviation commerciale. Cependant, l’hydrogène n’est pas la seule solution pour réduire les émissions de carbone du secteur de l’aviation. En effet, les carburants d’aviation durable (SAF) ou encore la propulsion hybride électrique sont autant de solutions explorées par le constructeur américain pour rattraper son retard pris dans la course à l’avion zéro émission. Airbus compte également sur cette option pour alimenter les avions moyen-long courrier, pour le moment incompatibles avec une solution à hydrogène.
Si Airbus poursuit son engagement, déjà important, pour le développement de l’hydrogène dans l’aviation commerciale, l’entreprise pourrait se poser en leader d’un écosystème européen durable. Pour cela, les différentes parties prenantes doivent se cristalliser autour du géant européen, qui a d’ores et déjà fait l’objet de soutiens politiques en Europe, avec en ligne de mire 2035 et la mise en service du premier avion commercial à hydrogène.
Loïc Bonnet
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