Les compagnies aériennes américaines, appuyées par des sénateurs américains, font pression sur la Maison Blanche et le Capitole pour imposer des restrictions sur les transporteurs étrangers non sanctionnés par Moscou et desservant les États-Unis via l’espace aérien russe.
Bannis des couloirs aériens russes depuis le début du conflit en Ukraine, les opérateurs aériens américains connaissent des temps de vol plus longs et des coûts plus importants que leurs concurrents sur les vols vers et depuis l’Asie. Ces compagnies américaines, à la tête desquels figurent Delta Air Lines, United Airlines et American Airlines, soutenues par le lobby Airlines for America, mettent en avant un désavantage concurrentiel, dont la part de marché annuelle perdue est estimée à plus de 2 milliards de dollars.
Le Département des transports américain a donc récemment présenté une ordonnance à l’administration Biden, pour interdire le survol de l’espace aérien russe aux transporteurs chinois transitant par les États-Unis, à savoir les compagnies Air China, China Southern Airlines, Xiamen Airlines, China Eastern Airlines. Les lobbyistes, s’appuyant sur l’épisode du vol Ryanair détourné par la Biélorussie en mai 2021, plaident cependant pour une généralisation de cette ordonnance à l’ensemble des compagnies aériennes étrangères afin de protéger les citoyens américains.
Sur le plan géopolitique, une telle mesure pourrait s’avérer explosive, exacerbant des tensions déjà vives avec la Chine. En outre, une généralisation de ce dispositif à tous les transporteurs étrangers, notamment indiens et émiratis, pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le tourisme et le commerce américains, contribuant à la polarisation croissante du monde. Enfin, alors que le dernier rapport du GIEC alerte sur l’insuffisance des politiques climatiques, un allongement des temps de transport serait une nouvelle défaite pour les écologistes.
Grégoire Loux
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