La Banque centrale européenne (BCE) s’est prononcé en faveur du prolongement de l’assouplissement du ratio de levier pour les banques européennes jusqu’en mars 2022 pour faire face à un contexte macroéconomique qualifié d’exceptionnel. Cette mesure permettra aux banques européennes d’éviter de trouver 70 milliards d’euros pour respecter la réglementation européenne. Outre-Atlantique, les craintes que fait peser l’inflation ont conduit la Federal Reserve (FED) a prendre la décision inverse.
La reprise économique post-covid, si elle se fait bien sentir sur le Vieux continent, ne masque pas les difficultés macroéconomiques. Ce contexte précaire est l'argument invoqué par le Conseil des gouverneurs de la BCE pour maintenir l’allègement du ratio de levier pour les banques de l’Union. L’allègement permet aux banques d'exclure leurs expositions à la banque centrale accumulées depuis fin 2019 du calcul du ratio. En d’autres termes, cette mesure qui représente 70 milliards d’euros pour les 39 banques significatives sous la supervision de la BCE a pour but de permettre aux banques de continuer à prêter aux acteurs économiques et à soutenir les marchés. Un resserrement du crédit dans un contexte macroéconomique incertain pouvant amener au mieux à un ralentissement de la reprise, au pire à une crise engendrée par la mort d’entreprises “zombies” toujours plus nombreuses depuis la crise du covid-19.
La question des limites de fonds propres et du ratio de levier revient régulièrement dans le débat entre banquier et régulateur depuis Bâle III. Le ratio de levier et son calcul étant parfois accusé de limiter la compétitivité des banques européennes par rapport aux banques américaines. Pour autant cette fois-ci les craintes que font peser la hausse de l’inflation aux Etats-Unis du fait des multiples plans de relance de l’administration et des injections monétaires ont conduit la FED a ne pas reconduire d’allègement du ratio de levier. Pour répondre au risque d’une inflation incontrôlée, la FED prévoit de remonter les taux plus vite que prévu, la première hausse étant prévue pour 2023.
Julien Cossu
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