Aubaine pour l’A350 d’Airbus, l’Arabie saoudite lance une nouvelle compagnie aérienne pour concurrencer Emirates, Qatar Airways et Etihad Airways

L’Arabie saoudite va lancer une nouvelle compagnie aérienne pour concurrencer ses voisins du Golfe, les géants Emirates, Qatar Airways et Etihad Airways. Profitant des tensions diplomatiques entre Washington et Riyad, donnant à Airbus l’opportunité de vendre une quarantaine d’A350.

Révélée par Arabian Business le 1er septembre 2022, la nouvelle compagnie nationale saoudienne, connue sous le nom non confirmé de RIA, s’inscrit dans le cadre de la stratégie « Vision 2030 » voulue par le prince héritier Mohammed ben Salmane et visant à sortit le pays de sa rente pétrolière historique. Soutenue par le fonds d’investissement public saoudien à hauteur de 30 milliards de dollars, RIA doit donc contribuer à soutenir le développement du tourisme dans le royaume. En effet, l’objectif est que le secteur touristique génère 10% du PIB d’ici la fin de la décennie.

 

Dans un contexte de rivalité régionale, la nouvelle compagnie saoudienne se lance à l’attaque de ses concurrents directs dans le domaine du transport aérien long-courrier à savoir Emirates, Qatar Airways et Etihad Airways (dont RIA a débauché plusieurs cadres, notamment le P-DG, Tony Douglas). La difficulté de la tâche sera à la hauteur de l’ambition affichée car ces trois compagnies sont régulièrement classées parmi les meilleures au monde. Afin d’y parvenir, le Royaume envisage d’investir jusqu’à 100 milliards de dollars dans le secteur d’ici 2030 – notamment pour faire de l’aéroport de Riyad-King Khalid le hub incontournable de la région – en ciblant les 100 millions de touristes et les 30 millions de passagers en transit. Cette nouvelle compétition vient alimenter des tensions géopolitiques et économiques déjà prégnantes dans le Golfe, principalement avec le Qatar.

Pour réussir ce pari, RIA prévoit d’acheter près de quarante A350 auprès d’Airbus pour un montant de 12 milliards de dollars. Une option pour un second achat d’un nombre similaire d'appareils est même évoquée par Arabian Business. À ce stade, les négociations avec le constructeur européen sont bien avancées. Toutefois, l’option 787 Dreamliner de Boeing reste également sur la table. Ces deux avions sont les ambassadeurs de leur entreprise respective, en compétition sur le même secteur (les vols long-courrier) et ont des caractéristiques semblables. L’A350 a pour lui des capacités passagères et d’emport de carburant plus importantes ainsi qu’une autonomie plus grande. À l’inverse, le 787 a un rapport nombre de passagers/consommation de carburant plus avantageux ainsi qu’un coût par appareil moins élevé (325,8 millions de dollars contre 366,5 millions de dollars pour l’A350 en 2018). Le choix est donc loin d’être aisé.

 

Dans cette énième confrontation entre les deux avionneurs, ce sera sûrement l’état des relations diplomatiques entre Washington et Riyad qui fera pencher la balance. En effet, suite à la décision de l’Opep+, le 5 octobre, de baisser drastiquement les quotas de production de pétrole pour soutenir le prix du baril, Joe Biden a annoncé sa volonté de “réévaluer” la relation des États-Unis avec le Royaume afin de voir si elle sert toujours les intérêts nationaux étasuniens. Cette déclaration est un signal fort de la détérioration des relations personnelles entre le président américain et le prince héritier saoudien et, par extension, des deux États. Si cet état de fait venait à s’accentuer, Airbus aurait toutes ses chances de remporter la commande. 

 

Eloïse Calohard et Simon Rousselot

 

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