Fin juin, le commissaire européen, Thierry Breton, a annoncé la création d’une Alliance européenne pour « l’aviation zéro émission ». Cette Alliance s’inscrit dans la lignée du rapport Destination 2050, une feuille de route du secteur européen de l’aviation visant la neutralité carbone d’ici 2050 et une réduction de 45% des émissions de CO2 de tous les vols domestiques et au départ de l’UE d’ici 2030.
Selon Thierry Breton, « l’Alliance rassemblera l’ensemble des acteurs du futur écosystème de l’avion propre pour identifier très en amont toutes barrières, émettre des recommandations sur la manière de les surmonter et promouvoir les investissements nécessaires ». Elle aura ainsi pour vocation de fédérer toutes les initiatives européennes en la matière.
Portée par des investissements émanant de la Commission européenne (à travers son programme Horizon Europe), elle sera également étayée par les Etats membres et certaines entreprises dans le cadre de partenariats public-privé. Elle devra nécessairement soutenir et encourager les innovations et les technologies de rupture en matière de création de carburants durables et de capture de carbone (en attendant le véritable avion zéro émission de CO2).
Si l’enjeu est avant tout environnemental, le sujet revêt également une importance économique et géopolitique. Les constructeurs européens (au premier rang desquels Airbus) devraient bénéficier de cette volonté politique qui devrait se concrétiser en une dynamique réelle de développement dès la fin d’année 2021. La rapidité de leur progression en R&D visant le développement de l’avion de demain conditionnant leur compétitivité sur le long terme, le sujet des aides économiques est central dans un contexte de relâchement des tensions dans le dossier Airbus/Boeing sur les aides d’Etat. Du côté des institutions européennes, l’objectif est de se (ré)affirmer en tant que leader sur un sujet global et crucial et de peser un peu plus sur l’échiquier mondial face au duel des titans américains et chinois.
En pratique et sur le plan national, Airbus et le motoriste Safran procéderont au test d’un « avion vert » fonctionnant à 100% de carburant alternatif d’ici à la fin de l’année. Cet essai s’effectuera dans le cadre du plan de relance aéronautique français prévoyant un investissement de 1,5 milliard d’euros sur trois ans au bénéfice des recherches sur l’aviation décarbonée.
Le sujet de la décarbonation des aérodynes a également été pris en compte par le programme Blast, incubateur de start-ups françaises dans les domaines de l’aéronautique, du spatial et de la défense, qui y a consacré un pan de son action. Initié par Starbust Accelerator, Onera, SATT Paris-Saclay et l’Ecole Polytechnique, Blast a déjà procédé à une sélection de jeunes entreprises et programmes de recherches innovants le 23 juin dernier.
Clément Lichère
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