L’entreprise française MagREEsource a récemment annoncé son souhait de recycler des aimants à base de terres rares en France. Cette décision permettrait à la France de disposer d’une technologie de pointe sur son sol et de réduire sa dépendance aux matériaux chinois.
Fondée en 2020, la start-up française MagREEsource est implantée au sein de l’Institut Néel du CNRS de Grenoble. Après plusieurs années de recherche, ses créateurs Erick Petit et Sophie Rivoirard, ont annoncé être parvenus en début d’année à un système de recyclage des aimants permanents. Présents dans la plupart des technologies modernes (éoliennes, batteries électriques, sous-marins…), ces aimants à base de terres rares présentaient jusqu’alors l’inconvénient de ne pas être réutilisables.
La société entend ainsi lever 3,5 millions d’euros afin de produire 50 à 60 tonnes dès la fin de l’année. D’ici trois ans, l’objectif est d’atteindre les 500 tonnes et d’accroître le chiffre d’affaires d’ici cinq ans à 125 millions d’euros, contre 140 000 aujourd’hui.
Cette trouvaille française constitue un triple bénéfice : elle ouvre un nouveau panel de possibilités industrielles, elle n’engendre pas de pollution et offre la possibilité pour la France de réduire sa dépendance aux aimants chinois.
Cette innovation scientifique a bien entendu été brevetée par ses concepteurs. Mais le brevet n’est pas seul gage de protection d’une technologie, l’affaire Alstom nous l’a malheureusement prouvé.
Il appartient donc à l’État de protéger cette nouvelle pépite industrielle. Cette dernière va notamment bénéficier du plan de financement France Relance afin de soutenir son activité. Si l’initiative est à saluer, les nombreux désastres industriels français survenus ces vingt dernières années doivent demeurer à notre esprit. À l’heure de la réindustrialisation et de la souveraineté prônées par de nombreux politiques, la vigilance des pouvoirs publics par rapport aux intérêts stratégiques de la nation doit être renforcée. Et MagREEsource en fait désormais partie.
Rayane Aït Haddou
Pour aller plus loin :
- La Chine et les terres rares : retour sur une stratégie industrielle
- La dépendance aux terres rares : un risque économique et stratégique