« 321 millions de francophones, des milliards de contenus culturels » était le thème de la Journée internationale de la Francophonie 2023. Et pourquoi ne pas profiter de cette occasion, pour valoriser la culture économique commune, qui profiterait considérablement à nos échanges commerciaux ?
Le 20 mars 1970 à Niamey au Niger, était créée l’Agence de coopération culturelle et technique. Elle allait devenir par la suite l’Organisation internationale de la Francophonie. Depuis, le 20 mars de chaque année est célébrée la Journée internationale de la Francophonie dans le monde entier.
Mais pour beaucoup, la francophonie reste plus attachée à une culture qu’à une économie. Pour preuve, le thème de cette journée 2023 de la francophonie était le suivant : « 321 millions de francophones, des milliards de contenus culturels ».
Il y a bien eu quelques tentatives en 2014 d’amener les enjeux économiques sur la table, notamment avec l’adoption à Dakar d’une Stratégie économique pour la Francophonie à la XVème Conférence des chefs d’État et de gouvernement ayant le français en partage ; la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, avait également invité en juin 2021 une conversation francophone sur le thème de la francophonie au service du développement économique.
Car l’espace économique francophone n’est pas organisé en tant que tel. Il regroupe pourtant 88 États et gouvernements membres et observateurs de l’OIF, représentant 17,5 % de la population mondiale et 16,5 % du revenu brut mondial.
« La francophonie est avant tout le partage d’une langue, le français, mais aussi d’une culture et donc d’une culture économique commune. » François Jeanne-Beylot
La Francophonie, une troisième voie ?
À l’heure où la guerre économique est sur toutes les lèvres et que la principale munition de ce conflit est l’information, la francophonie pourrait représenter une troisième voie pour la France et son économie. Elle permettrait de se positionner par rapport aux Occidentaux, représentés par nos « alliés » états-uniens ou allemands en Europe qui, nous le savons, se retrouvent souvent opposés aux intérêts de la France, de ses entreprises et de son économie. Elle représenterait par ailleurs une alternative intéressante aux BRICS, qui s’opposent de plus en plus à ce premier bloc occidental et vis-à-vis desquels la France a du mal à se positionner. La Francophonie économique a besoin d’un moteur pour décoller : et qui mieux que la France pour la représenter ? De nombreux pays, notamment sur le continent africain, attendent que l’Hexagone les tire vers le haut et avec eux, leur économie et leurs entreprises. À défaut, ils choisiront l’un des deux blocs nommés précédemment, qui les courtisent régulièrement.
La francophonie est avant tout le partage d’une langue, le français, mais aussi d’une culture et donc d’une culture économique commune. L’intelligence économique représente l’ensemble des activités coordonnées de collecte, de traitement et de diffusion de l’information utile aux acteurs économiques. Pour les entreprises, il s’agit d’un dispositif managérial, un outil d’aide à la décision qui permet de rendre nos organisations plus efficaces et pérennes. Appliqué au niveau d’un État, cela se traduit souvent par un dispositif national de souveraineté et de sécurité économique.
« Si nous développons une francophonie économique et avec elle un dispositif francophone d’intelligence économique, gageons que la France ne soit plus en retard ! » François Jeanne-Beylot
L’information, vecteur de la Francophonie
La perception de l’information et son traitement sont très culturels, et face à une approche asiatique ou anglo-saxonne de l’information, on peut opposer une vision francophone. Car au sein de l’espace économique francophone, nous partageons des informations dans une même langue, mais aussi les mêmes méthodes et outils pour les analyser et les exploiter.
Le Sénat a récemment ouvert une commission d’information sur l’intelligence économique pour réfléchir sur le sujet et proposer peut-être un nouveau dispositif national. Cette commission constate que la France est souvent qualifiée dans le débat public comme en retard en intelligence économique. Nous pensons justement que si la France est en retard, elle l’est face à une approche anglo-saxonne ou asiatique de l’information. Mais elle risque de l’être encore et toujours car nous ne sommes ni Anglo-saxons, ni Asiatiques.
Si nous développons une francophonie économique et avec elle un dispositif francophone d’intelligence économique, gageons que la France rattrape très largement son retard ! Nos partenaires africains et francophones sont prêts et nous pensons même que plusieurs nous attendent en ce sens.
François Jeanne-Beylot
Dirigeant fondateur Troover
Président du SYNFIE
Entrepreneur, François Jeanne-Beylot a fondé en 2000 Troover-InMediatic, une des premières sociétés françaises, spécialisée dans la recherche d'informations structurée, l'intelligence économique et la veille sur Internet pour le compte des entreprises et administrations.
Reconnu comme spécialiste d'internet et pionnier de l'intelligence économique digitale depuis près de 25 ans, il est professeur associé de l'École Guerre Économique de Paris et intervenant fondateur de l'École Panafricaine d'Intelligence Économique et Stratégique de Dakar. Il est par ailleurs président du Syndicat Français de l'Intelligence Économique (SYNFIE),
Habitué du continent africain depuis près de 20 ans, il est l'incitateur et l'organisateur des Assises Africaines et Francophones de l'Intelligence Économique et l'auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier est l'Atlas de l'intelligence économique en Afrique (VA Editions – Novembre 2021).
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