[JdR] Les risques induits par la crise des déchets au Liban

Le Liban ne cesse de faire parler de lui depuis déjà de nombreuses décennies. Victime d’une guerre civile meurtrière de 1975 à 1990, le pays a connu une continuité de crises autant sur les plans géopolitique, économique, sécuritaire que sanitaire. La crise des déchets et l’incapacité de l’État à y faire face peuvent générer des risques d’ampleur gigantesque sur le pays et la région.

Les impasses politico-économiques des dernières années ont conduit à des bourbiers pour des services d’activités importantes, notamment la gestion des déchets. Longtemps favorables à la mise en place de fausses et de montagnes d’ordures, les services en question se sont heurtés à des fins de contrats influencées par les rivalités politiques du pays. En 2015, la fermeture d’une décharge dans une région contrôlée par un parti politique issu de l’opposition a conduit à un arrêt des services de collecte de poubelles. Ceci a eu pour effet de gangréner les rues du pays de montagnes de sacs-poubelles pendant des mois.

Si un compromis a été trouvé en 2015 pour trouver une solution temporaire, les usines de recyclage et les incinérateurs (commandés en 2019) restent inopérables, dû en partie aux rivalités politiques du pays, dont les partis sont pour la plupart gérés par d’anciens chefs de guerre ou leurs successeurs, avec une teinte confessionnelle imbibée dans leurs idéologies respectives. 

La crise économique de 2019 et l’effondrement du pays suite à l’explosion du port de Beyrouth en août 2020 ont à nouveau fait ressurgir les risques liés aux déchets. Fin 2021, faute de moyens financiers et face à une spirale politique infernale, les sacs-poubelles recommencent à remplir les rues du Liban sans réelle porte de sortie cette fois-ci. 

Plusieurs risques induits découlent donc de la crise des déchets au Liban : 

  1. Le risque écologique / pollution : celui-ci est le plus évident, comme nous le rappellent les montagnes de sacs-poubelles occupant les rues du pays et engendrant des remontées d’odeurs nauséabondes omniprésentes. Les espaces naturels sont aussi impactés par le traitement anarchique des déchets. De plus, la proximité de la mer Méditerranée est un facteur encore plus aggravant, avec des rapports réguliers de déchets jetés à la mer et retrouvés aussi loin qu’en Sicile. Ceci représente une menace considérable pour la biodiversité et l’écologie. Enfin, certains citoyens ont directement brûlé leurs sacs-poubelles afin de dégager les espaces d’habitation, générant des fumées toxiques. 

  2. Le risque sanitaire : la mauvaise gestion des déchets et leur concentration attirent aussi des bactéries et peuvent favoriser le développement de certaines maladies. La présence des déchets sur l’ensemble du territoire menace aussi d’augmenter la contagiosité, allant jusqu’à l’empoisonnement alimentaire. Avec la pandémie du coronavirus et l’effondrement du pays et de son système hospitalier, les conséquences sur la population pourraient être désastreuses. 

  3. Le risque d’infestation de nuisibles : la concentration de déchets et la pourriture sont aussi en mesure d’attirer considérablement les rats, cafards, blattes, moucherons et autres nuisibles, renforçant les risques sanitaires et menaçant davantage la population. Les animaux domestiques sont aussi en danger en entrant en contact avec ces derniers, portant généralement des maladies. Les champignons également en mesure de se répandre, peuvent impacter les récoltes. 

  4. Le risque de conflit : comme mentionnée ci-dessus, la crise des déchets est fortement liée aux différentes alliances politiques du pays. Prolonger cette dernière risque d’exacerber les tensions entre les différents partis, pouvant aller jusqu’à l’affrontement dans un contexte de tensions politiques, économiques, sécuritaires et sanitaires. Par ailleurs, cette crise est en mesure de générer des tensions avec les partenaires internationaux du Liban, plus particulièrement en Méditerranée. 

La nécessité de gérer la crise est donc d’importance primordiale non seulement pour la population libanaise, mais aussi pour l’ensemble de la zone méditerranéenne. Ne disposant pas de moyens, le Liban sera-t-il en mesure de convaincre ses partenaires de l’aider alors que les tensions font rage au Moyen-Orient ?

 

Le Club Risques de l’AEGE

 

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