Depuis plusieurs mois, le Portail de l’IE suit les rebondissements sans fin du Brexit. C’est une véritable série qui s’invite sur nos écrans, aux épisodes plus rocambolesques qu’une farce de Molière.
Le 17 octobre dernier, après plusieurs pas en avant pour trouver une entente diplomatique entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), un grand retour en arrière vient d’être opéré : le sommet spécial qui devait être organisé en novembre a été annulé pour absence de nouvelles propositions de la part de la Première ministre britannique, Theresa May, sur les futures relations entre Bruxelles et Londres.
Genèse du Brexit : l’histoire d’un divorce sans fin
La date de rupture ne cesse d’être repoussée….
Que ce soit à cause de la question de l’Irlande du Nord qui pèse lourdement dans la balance, de la pression économique de Bruxelles ou des cycles de négociations successifs – pour la plupart infructueux –, le Brexit s’enlise dans un marasme politique qui ne semble pas trouver de sortie adéquate.
Malgré quelques avancées intéressantes, notamment la volonté de Theresa May pour un « Brexit doux », les derniers événements semblent confirmer le recul des négociations. Cela s’est notamment vu lors du sommet informel de Salzbourg (Autriche), les 19 et 20 septembre dernier. Les Vingt-Sept ont refusé catégoriquement « le plan de Chequers », présenté à cette occasion par Theresa May. Ce plan liste les propositions britanniques pour la future relation entre le Royaume-Uni et l’UE. À quelques jours du congrès du parti des Tories, déjà très fragmenté en interne par la question du Brexit – en témoigne la démission de David Davis qui souhaitait un « Brexit dur » – ce refus européen était calculé. Il visait à accentuer davantage la pression du gouvernement britannique, pour le fragiliser.
“To negociate or not to negociate, that is the question”
Le mercredi 17 octobre, « moment de vérité », s’est tenue la conclusion du sommet européen à Bruxelles sur le Brexit. Malgré d’intenses discussions jusqu’au dimanche 14 octobre, les Vingt-Sept ont acté l’absence de percées dans les négociations sur le Brexit. En cause ? Selon le Twitter du négociateur en chef européen, Michel Barnier, « certaines questions clés [qui] sont encore en suspens, dont celle du filet de sécurité pour éviter une frontière dure » entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Cette décision « est un coup dur pour Theresa May, qui espérait négocier directement avec ses homologues et contourner ainsi le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier ».
Cette nouvelle impasse annonce deux choses :
- L’annulation d’un qui devait entériner les progrès des négociations avec la Grande-Bretagne. Suite au refus du plan Chequers par Bruxelles, Theresa May n’a pas proposé de nouvelles mesures pour définir sa future relation avec l’UE.
- Une prolongation de la période de transition, ce suite à l’avortement des négociations du 17 octobre.
À moins de six mois du divorce définitif, programmé le 29 mars 2019, on ignore encore si cette date sera respectée et si les deux parties prenantes principales de ces négociations trouveront un terrain d’entente. La possibilité d’un « no deal » entre le Royaume-Uni et l’UE devient de plus en plus plausible, un risque qui est étudié des deux côtés de la Manche. En France, par exemple, la ministre française des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a présenté au Conseil des ministres, mercredi 3 octobre, un projet de loi afin de préparer la France à l'éventualité d'un « no deal ».
Gaëlle LANDRU