ExxonMobil annonce avoir fait une importante découverte au niveau du Suriname Block 52. La découverte est intéressante puisque ce bloc est voisin de celui codétenu par TOTAL et Apache au large du Surinam. Selon l’institut américain d’études géologiques, la région au large de la Guyane et du Surinam correspond à la onzième réserve mondiale ; une bonne nouvelle pour la sécurité énergétique de l’Hexagone si le potentiel venait également à se concrétiser au large des côtes françaises.
La découverte par Exxonmobil annoncée le 11 décembre dernier confirme le potentiel pétrolifère de la région dans laquelle la major américaine a décidé d'inverser largement. Au vu de son importance, l'ampleur du gisement reste à déterminer.
Dans un marché du pétrole tendu et soumis aux jeux d’influences des parties prenantes américaine, russe et chinoise, l’Union européenne (a fortiori ses pays membres) ne dispose pas d’accès directs, suffisants et sûrs à des réserves d’hydrocarbures ou de gaz. Seul le Royaume-Uni, qui quittera bientôt l'Union européenne, produit encore du pétrole de manière significative (environ 1 million de barils/jour). Pourtant, c’est encore la source d’énergie la plus communément utilisée en Europe. D’ailleurs, toutes sources d’énergies confondues, l’Union dépendà 53,6 % de ses importations (provenant de Norvège et de Russie principalement) pour sa consommation d'énergie.
Dans ce contexte de dépendance énergétique,parmi les cinq premiers Etats-membres consommateurs, les moins dépendants de leurs importations sont le Royaume-Uni (35,3 %) et la France (47,1 %) selon Eurostat. Avec le Brexit, la France devient ainsi le pays de l'Union le moins dépendant de ses importations et la découverte d’Exxonmobil promet à l’Hexagone un possible accès à une manne inespérée grâce à la possession de son territoire ultra-marin. En effet, selon l'institut américain d’études géologiques, les réserves d’hydrocarbures de la région au large du Surinam et de la Guyane sont de 33 milliards de barils ce qui place de facto cette zone au onzième rang mondial, entre le Kazakhstan et les États-Unis en se basant sur les données de la CIA.
Cependant, le potentiel pour la France reste à concrétiser. En effet, Total a abandonné en 2019 ces recherches au large de la Guyane française. Néanmoins, le pari payant d’Exxonmobil pourrait pousser la major française à persévérer et reprendre ses explorations dans la zone. En outre, le danger est que la Chine, en passe de devenir le premier raffineur mondial, capte la plus grande partie des extractions mondiales. Cette découverte pourrait également relancer le raffinage européen dans une situation difficile depuis quelques années.
Pierre-Guive Yazdani
Pour aller plus loin:
- La sécurité d'approvisionnement énergétique auprès de l’OPEP+, enjeu concurrentiel des soft powers russe, américain et chinois
- [JdR] La dépendanceaux terres rares : un risque économique et stratégique
- L’Europe de l’Est, terrain des luttes d’influence énergétiques entre la Russie et les États-Unis (Partie 1/3)