Le 23 avril 2021, l’Agence du Numérique de Défense (AND), créée par arrêté, aura pour mission de veiller à la bonne conduite des grands projets informatiques de l’ensemble du Ministère des Armées. Une nouvelle étape qui consacre davantage le tournant abordé en 2018 visant à transformer numériquement le ministère afin de développer de nouvelles applications. Entre autres, faciliter la conduite d’opérations, favoriser le combat « infovalorisé », et profiter des opportunités constantes offertes par le numérique.
Ce nouvel organe, désormais concrétisé, avait été annoncé le 1er décembre 2020, par Florence Parly, ministre des Armées, et sera dirigé par un conseil d’orientation et de gestion, composé des États-Majors, des directions et services du ministère. Il sera chargé principalement de conduire les projets numériques du ministère, de conseiller les États-Majors ainsi que les directions sur leurs besoins et optimisations numériques. Enfin, celui-ci permettra de mettre en œuvre la politique industrielle du Ministère de la Défense dans le domaine des technologies numériques des systèmes d’information.
Cette nouvelle agence suit le mouvement initié par la démarche globale « Action Publique 2022 » du Président de la République et du Premier ministre et la Loi de programmation militaire 2019-25 qui consacre pleinement la transformation numérique du ministère des Armées. Celle-ci a trois finalités : garantir la supériorité opérationnelle et la maîtrise de l’information sur les théâtres d'opérations, améliorer la relation au citoyen et l’attractivité du ministère et renforcer l’efficience des soutiens et faciliter le quotidien du personnel. Pour cela a été créée, en 2018, la Direction Générale du Numérique (DGNum) qui structure et coordonne l’action des armées en matière de gouvernance, d’inventaires, de partage ou encore d’exploitation des données au sein du ministère.
Dès lors, la mise en place de l’AND peut laisser craindre une surabondance d’acteurs dédiés. En effet, on peut déjà compter sur la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information de la défense (DIRISI) créée en 2003, qui fait figure d’opérateur de télécommunications, de gérant de la sécurité des systèmes d’information. Leur préservation revient au Commandement de la Cyberdéfense (COMCYBER). Si les rôles sont clairement répartis, la collaboration entre ces services sera primordiale pour mettre à bien l’ambition initiée en 2018. Il s’agit pour le ministère de partir sur de nouvelles bases, et se débarrasser pour de bon du scandale lié au programme de paye Louvois, qui avait fait perdre des millions d’euros au ministère et provoqué des traumatismes aux militaires lésés.
Cette nouvelle agence sera placée sous l’égide de la Direction Générale de l’Armement (DGA), un choix qui a pu susciter l’étonnement du fait qu’elle ait la charge d’un secteur précis qu’est l’armement. Cependant, l’AND succède à « l’unité de management socle numérique » (UM SNum) de la DGA qui avait pour mission de développer le socle numérique sécurisé et rénové du ministère.
Thibault Menut
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