Airbus installe une activité de recyclage d’avion à Chengdu en Chine

L’avionneur européen annonce ce mardi 18 janvier 2022 la signature d’un protocole d’accord avec la ville de Chengdu pour l’ouverture d’un centre de recyclage. Une première pour Airbus sur le sol chinois alors que ce savoir-faire était jusqu’alors cantonné sur des sites français et espagnols.

Le choix de de la ville chinoise de Chengdu, la capitale de la province chinoise du Sichuan (sud-ouest de la Chine) pour l’implantation du nouveau site d’Airbus n’est en rien dû au hasard. Chengdu est en effet un pôle aéronautique national majeur de la République populaire. La compagnie chinoise Chengdu Aircraft Industry Group y héberge par exemple une plateforme d’assemblage du nouveau COMAC ARJ21 , le premier avion commercial de la Chine. A noter que cette société qui est l’un des principaux sous-traitants d’Airbus dans le pays, est aussi connue pour être un constructeur d'avions de combat notamment au profit de la force aérienne de l’armée populaire de libération (APL). En plus de développer l‘avion de chasse Chengdu, le média Jane’s rapporte que le constructeur développe aussi un nouveau modèle de drone au sein d’un parc industriel basé dans la province.

La présence d’Airbus en Chine est ancienne et le groupe souhaite y renforcer sa présence grâce à ses filiales Tarmac Aerosave et Satair.   Klaus Roewe , directeur du service client chez d'Airbus indique que le groupe “prévoit une augmentation exponentielle du nombre d'avions retirés du marché en Chine dans les 20 prochaines années”. Il ajoute que l’avionneur  «s'engage à investir dans la région et ce site unique – le premier en Chine et en dehors d'Europe – permet à Airbus de prendre position sur le marché du recyclage des avions en Chine”. 

Le protocole d’accord mentionne ainsi l’ouverture d’un centre de recyclage surface de 690.000 m² et aura une capacité de stockage de 125 avions. C’est sur ce site que Tarmac Aerosave aura pour mission d’opérer des opérations de parking, la maintenance, la modernisation, la transformation, le démantèlement et le recyclage pour différents types d'avions.  La mission d’achat de vieux avions pour revente en pièces détachées est elle dévolue à Satair.

Airbus compte capitaliser sur la grande expérience de sa filiale Tarmac Aerosave dans la maintenance, de modernisation et de démantèlement acquis sur ses différents sites européens notamment Toulouse-Francazal, Tarbes et Teruel. Pour Alexandre Brun, son président, “Ce projet  s’inscrit dans la stratégie d’exporter notre modèle et nos processus durables qui ont valeur de référence mondiale. Nous sommes fiers de les apporter en Chine, en nous rapprochant de nos clients asiatiques tout en participant à l’innovation aéronautique et à sa décarbonation. Merci à la ville de Chengdu de nous offrir cette opportunité". Pour Airbus il s’agit donc d’exporter un savoir-faire reconnu sur un segment industriel de l'aéronautique lié au développement durable. Plus encore, le constructeur espère renforcer son leadership en étant au plus près de ses partenaires locaux et dans marché régional dont il estime connaître les subtilités et les points de vigilances en termes d’intelligence économique : dépendance, protection des secrets industriels etc.

Les tenants et aboutissants de cette manœuvre n’ont pas encore été pleinement dévoilés. Cette annonce ne devrait pas être prise à la légère par la concurrence d’Airbus ou même par les acteurs sensibles aux enjeux plus geopolitiques qui lui sont nécessairement associés (et brièvement suggérés ci-dessous). Le protocole annoncé doit désormais être formalisé dans le courant de l’année 2022 avec une ouverture de site prévue pour fin 2023.

 

Pierre-Marie Durier

 

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