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[JdR] La veille : un atout majeur dans l’anticipation des risques [1/2]

Le 17 novembre dernier, à l’occasion de la commission Crise, PCA et Intelligence Economique de l’AMRAE, Alfred Huot de Saint Albin, Secrétaire général de l’AEGE, partageait son expérience de la veille.

Le Risk Manager, tour à tour communicant, leader et connaisseur, doit être à même d’anticiper les risques de son environnement. Conçue comme un outil à son service, la veille permet en effet d’enrichir et de mettre à jour continuellement ses connaissances sur les sujets entrant dans son champ d’expertise.

Schématiquement, et en reprenant le cycle du renseignement, la veille consiste au niveau opérationnel en l'identification, la mise sous surveillance, le traitement et l'analyse des données.

L’intérêt pour le Risk Manager est donc de mettre en place une procédure afin d’appréhender au mieux ces problématiques, à travers l’analyse des informations disponibles pour connaître, anticiper, prévoir, planifier ou encore maîtriser une situation.

La mise en place d’une démarche de veille consiste à s’interroger sur les risques à gérer :

  • Les risques qu’il est possible de gérer en amont grâce à une détection précoce ;
  • Les risques qui au contraire nécessitent une préparation et une forte résilience pour les surmonter.

Naturellement, le Risk Manager connaît un ensemble de risques intégrés dans son périmètre. Mais la démarche de questionnement, puis sa traduction en axes de veille, nécessite une rigueur qui ouvre de nouvelles perspectives à explorer. En définissant les risques de manière précise, il identifie quel outil peut les prévenir, comment anticiper et proagir plutôt que réagir.

La veille s’inscrit également dans une dimension temporelle : il faut lui définir un temps consacré dans sa dimension online. Cela peut aller de quelques minutes le matin à plusieurs heures par semaine. Mais elle est également une posture intellectuelle dans la vie courante, où chaque occasion, chaque rencontre, est une opportunité de glaner une nouvelle information, qu’elle soit directement, ou non, reliée à son sujet d’activité. En parallèle de cette ouverture d’esprit, une démarche d'intelligence collective visant au partage ciblé de l'information en interne aux bons interlocuteurs permet d'enrichir ses collaborateurs et partenaires qui, à leur tour, partageront leurs informations.

Enfin, ce partage induit la prise en compte d’autres points de vue, offrant un nouvel éclairage sur une situation et remettant en cause ses certitudes. La bonne réussite de la veille dépend de cette capacité à s’interroger, à intégrer les nouvelles informations, d’où qu’elles viennent, à enrichir continuellement sa démarche de veilleur en ajoutant de nouveaux axes de recherches, de nouvelles sources, de nouveaux partages.

Bien que la veille doive englober l’intégralité des sources disponibles, y compris humaines, l’aspect numérique n’en reste pas moins le canal privilégié par les veilleurs.

La multitude de points d’entrée

Malgré son index gigantesque, Google ne donne accès qu’à une fraction minime d’Internet. Ce qui signifie que surveiller uniquement Google implique d’occulter de larges pans du Web. C’est pourquoi, d’autres moteurs de recherche proposent d’autres index. Parmi eux, on peut citer Exalead (Dassault Systèmes), Yahoo, Bing, Qwant, Baidu (Chine) et Yandex (Russie). Ainsi, en cherchant des sources à partir de plusieurs points de départ, le veilleur s’assure d’une collecte d’informations plus large et plus profonde. Il est également pertinent de construire sa veille en utilisant plusieurs langues, les résultats étant le plus souvent différents d’une langue à l’autre.

L’intérêt de mettre en place une veille

La veille permet de connaître son environnement, c’est-à-dire ses concurrents, ses prestataires, ses clients, ses prochaines cibles voire même les lois et règlements qui peuvent être de nature à impacter l’activité.  Elle permet également de prospecter, d’identifier de nouveaux marchés et risques, mais aussi de détecter les signaux faibles y compris lors des attaques informationnelles.

Un signal faible est une information qui indique une nouvelle tendance à contre-courant de l’environnement et qui nécessite une vigilance particulière. Souvent, ce n’est pas une seule information mais un cumul, qu’il convient d’analyser.

Le signal faible fait partie de l’ensemble des informations disponibles, dont :

  • Le bruit, qui est constitué de l’ensemble des informations de nature à parasiter l’environnement ;
  • Les données, qui sont des informations à traiter naturellement dans le cadre de la veille.
  • Le signal faible, qui se retrouve parmi les données, qui ne sera pas traité mais qui restera en mémoire.

Exemple de la crue centennale

La question n’est pas de savoir si la crue aura lieu mais quand elle aura lieu : l’intérêt de la veille est d’anticiper la venue de la crue, de limiter les impacts et de réagir.

Il est possible de mettre en place une surveillance sur le niveau d’eau de la Seine et de tous ses affluents.

  • Le premier signal faible sera le débordement d’un ou plusieurs affluents.
  • Un autre signal faible peut être que la météo annonce dix jours de pluie consécutifs.
  • Le troisième signal faible sera que la capacité maximale des barrages est atteinte.

En associant ces informations, il est possible de détecter la survenue d’une crue centennale.

Grâce à cette détection, les acteurs pourront avoir le temps de s’organiser :

  • Mettre à l’abri les stocks, les marchandises, prévenir les personnels, etc.
  • Les assureurs peuvent prévenir les assurés pour prendre des mesures conservatoires.

Le cumul et le recoupement des signaux faibles permet d’anticiper, de gagner du temps : c’est le principe de la veille.

 

Etablir un plan de recherche

Les informations disponibles sur Internet sont nombreuses. Pour mettre en place une veille efficace, il faut établir un plan de recherche en amont :

  • Qu’est-ce que je sais déjà ? Où sont les informations disponibles ?
  • Quelles sont les informations que je cherche ? Quelles sont les informations dont je ne veux pas ?

Il faut aussi définir les scénarios :

  • Définir la chaîne de vie de l’information.
  • Définir d’où l’information – tout ou partie – est susceptible de sortir.

Il faut également définir les scénarios disruptifs.

Par exemple, si l’on cherche à détecter la promulgation de nouvelles lois impactant notre environnement, il est possible de mettre en place une surveillance sur tout le cycle législatif afin d’obtenir des informations en amont. L’impact peut également provenir d’un règlement, d’une ordonnance ou d’un décret, il faut également étendre la surveillance à ces scénarios disruptifs, en mettant en place une veille sur les activités du gouvernement, par exemple. 

Une fois que le plan de recherche est établi, il est possible d’avoir recours à deux types de veilles complémentaires :

  • La veille radar : les sources ne sont pas définies, la recherche se fait par mots clés, ce qui permet de couvrir un périmètre très large.
  • La veille cible : qui concerne des sources définies et des sujets définis, qui permet d’identifier directement les articles pertinents.

Dans les deux cas, il faut organiser sa veille autour de trois piliers fondamentaux que sont les sources, les mots clés et les outils. 

Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour une mise en place concrète de la veille pour la gestion des risques.

Océane Rué, Jehna Levine

Retrouvez la deuxième partie de l'article ici.