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Mainmise de Xi Jinping sur le PCC : entre lutte de factions et volonté de grandeur

L’avenir de la Chine se jouait lors du vingtième congrès du Parti comm[uniste chinois (PCC). Xi Jinping a conservé le pouvoir malgré son âge et la limite des deux mandats atteinte. L’obtention de ce troisième mandat, au mépris de plusieurs règles tacites du PCC, est un véritable tour de force. Pourtant, le PCC est loin d’être uniforme. Il est modelé par les luttes d’influence entre les factions et leurs différentes visions de la Chine.

Structuration politique du PCC après le XXème Congrès (16-22 octobre 2022) – Crédit : Ivan Richoilley

 

L’organisation du PCC est extrêmement hiérarchique. Xi Jinping trône au sommet de cette pyramide et centralise de plus en plus le pouvoir en éloignant les autres factions du cœur de l’appareil politique au niveau national. En outre, après les nominations, deux observations font dire que l’actuel premier secrétaire avance déjà ses pions pour conserver la tête du PCC (et donc de la Chine) lors du vingt-et-unième congrès en 2027. Tout d’abord, aucun héritier clair ne se dégage et la non-promotion de Chen Min’er au comité permanent du bureau politique fut une surprise même pour les observateurs avertis, celui-ci étant présenté comme l’héritier de Xi Jinping. Par ailleurs, la règle tacite de la limite d’âge de 68 ans exclut de fait les membres actuels du comité permanent du bureau politique (sauf Ding Xuexiang) du poste de secrétaire général pour le vingt-et-unième congrès du PCC en 2027. Une fois la limite du troisième mandat franchie, il n’y a plus de retour en arrière, il faut poursuivre vers un quatrième.

Les principaux lieutenants de Xi Jinping à l’issue du XXème Congrès (16-22 octobre 2022) – Crédit : Ivan Richoilley

 

La faction de la quatrième nouvelle armée de Xi Jinping renforce son influence au sein du PCC.

Après le vingtième congrès du PCC, la faction de la quatrième nouvelle armée de Xi Jinping renforce encore son influence sur le parti jusqu’à être dans une situation quasi-hégémonique au niveau national. C’est cela qui a été le plus largement relayé par la presse généraliste avec l’exemple du comité permanent du bureau politique du comité central (le top sept du PCC) qui est intégralement fidèle à Xi Jinping pour la première fois en trois congrès. Entre le dix-huitième et le dix-neuvième congrès, ce dernier avait déjà réussi à mettre sa faction en position majoritaire au sein du comité permanent du bureau politique du comité central. Il faut néanmoins relativiser la victoire du dirigeant chinois lors du congrès de 2022, même si elle est importante. Au sein de la quatrième nouvelle armée, il faut distinguer les fidèles, les opportunistes et ceux qui suivent le mouvement sans conviction par peur des représailles. Les hommes de confiance du secrétaire général du PCC proviennent de quatre sous-factions liées localement au premier secrétaire par ses passages dans leurs provinces respectives

  • La « nouvelle armée du Nord-Ouest » de la province du Shaanxi, dont est originaire la famille de Xi.

  • La « nouvelle armée du Minjiang » de la province de Fujian, dans laquelle il a vécu pendant 13 ans.

  • La « nouvelle armée du Pujiang » de Shanghai ; une sous-faction du gang de Shanghai du président Jiang Zemin, constituée de ses fidèles lors de son passage au poste de secrétaire du PCC dans la mégapole.

  • La « nouvelle armée du Zhejiang » (Xinjun Zhijiang) dans la province du Zhejiang, dont Xi fût le secrétaire de 2002 à 2007.

Ses lieutenants connaissent une ascension fulgurante depuis le dix-huitième congrès. Ils ne semblent pas suivre les parcours classiques de progression graduelle au sein du PCC et cette tendance s’amplifie lors du vingtième congrès. La loyauté envers Xi et sa doctrine anti-libérale sont motifs de promotion, alors que dans le même temps, les performances passées deviennent secondaires. Li Qiang, responsable du confinement strict à Shanghai en est une représentation frappante. La tradition voulant que le Premier ministre ait été vice-Premier ministre auparavant s’arrête avec Li Qiang. Sa promotion en tant que numéro deux du PCC et Premier ministre (pressenti) de la République populaire de Chine envoie un message limpide aux cadres du parti : la loyauté envers Xi l’emporte sur les performances, la popularité ou l’expérience. La logique de faction et de loyauté sont d’une importance capitale dans l’accès aux hautes sphères du pouvoir au niveau national. Pourtant, il convient de préciser que l’assise du pouvoir de Xi Jinping dans les provinces n’est pas très profonde contrairement à l’influence des factions de Hu Jintao et surtout de Jiang Zemin.

Les joutes factionnelles se jouent au nombre mais aussi à la durée de mobilisation. Il y a donc toujours un risque d’essoufflement dans la quatrième nouvelle armée en plus d’un risque de se faire submerger par d’autres factions plus nombreuses. Xi Jinping utilise la commission centrale de contrôle et de la discipline pour tenter d’équilibrer ces dynamiques. Cela se traduit par sa volonté de « cibler autant les tigres que les mouches » via la commission de discipline.

Il existe également une tendance positive dans les nominations et promotions pour les factions aux idées proches de celles de Xi. La promotion du général He Weidong dans le comité exécutif du bureau politique du comité central et le maintien du général Miao Hua dans le comité central ainsi que leur place dans la Commission Militaire Centrale (CMC) montre la belle place qui est fait à la faction du détroit de Taïwan au sein du nouveau comité central. Cela tend à prouver la volonté du dirigeant chinois de régler la question taïwanaise ou du moins, cela témoigne de la pression exercée par la  frange radicale du parti sur ce sujet sensible. Dans le même temps, la promotion de Zhong Shaojun, un fidèle de la nouvelle armée du Zhejiang et le secrétaire militaire particulier de Xi Jinping, au comité central prouve la volonté de Xi d’affermir sa poigne sur l’armée.

En parallèle, depuis le dix-huitième congrès du PCC la montée en puissance de la faction aérospatiale est intimement liée à la quatrième nouvelle armée notamment car Xi valorise les profils techniques issus de cette frange du parti. De surcroît, cette faction ne s’oppose pas frontalement à la vision de la société de Xi Jinping. La faction technocrate de Ma Xingrui est constituée d’ingénieurs, tant militaires que civils. Avec cinq postes sur les vingt-quatre du bureau politique, elle est la seconde la plus représentée après la quatrième nouvelle armée. De plus, en Chine les industries du nucléaire, des missiles et du spatial ainsi que la faction aérospatiale, représentée notamment au travers de la Société de sciences et technologies aérospatiales de Chine (CASC – China Aerospace Science and Technology Corporation), sont extrêmement prestigieuses. Le PCC et Xi veulent profiter de cette aura tout en poursuivant l’objectif chinois d’être le leader mondial dans le domaine du spatial et des technologies de pointe en général. 

 

La faction de Shanghai de Jiang Zemin reléguée au second plan au niveau national pour la première fois depuis trente ans.

En 1989, le Parti communiste chinois était divisé sur la réaction à suivre vis-à-vis des manifestations étudiantes qui sévissaient dans tout le pays. Les factions politiques au sein du PCC se déchiraient et ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur les actions à prendre. Pour mettre un terme à une dissension dangereuse pour la Chine et le parti, le leader incontesté du pouvoir, Deng Xiaoping décide de mettre un terme au pouvoir de Zhao Ziyang, alors secrétaire général du PCC, mais ce dernier est jugé trop proche des manifestants. Deng nomme une figure considérée comme neutre au sein du PCC, Jiang Zemin.

Alors que son rôle initial était de maintenir la stabilité du PCC et du pays, Jiang Zemin mit en place ses partisans dans les sphères du pouvoir en utilisant une politique de renouvellement et de rajeunissement lors du dix-huitième congrès. Sa force fut d’imposer ses hommes dans tous les réseaux possibles, au niveau national mais également régional et local. Le spectre de son pouvoir pouvait ainsi toucher toute la société. Seule l’influence persistante de Deng Xiaoping faisait encore office de contre-pouvoir officieux.

À la mort de Deng Xiaoping en 1997, son pouvoir n’est plus “partagé”. Il va continuer la stratégie d’ouverture vers le monde de l’économie chinoise, notamment par le biais des zones économiques spéciales (ZEE) comme Shanghai ou le delta de la rivière des perles. Venant lui-même de la ville, cette dernière va énormément profiter de sa prise de pouvoir en recevant « 19.8 billion yuan more than did its main domestic competitor, Tianjin, during these 12 years ». Les villes des côtes bénéficieront plus généralement des traitements préférentiels de l’ère Jiang Zemin à contrario de la Chine de l’Ouest extrêmement pauvre.

En 2002, Jiang Zemin se retire du pouvoir et Hu Jintao de la faction Tuanpai prend sa place.  Le numéro deux de la faction de Shanghai, Zeng Qinghong entre toutefois dans le comité permanent du bureau politique du comité central et devient le vice-président chinois de 2003 à 2008. 

À la prise de pouvoir de Xi Jinping en 2012, la faction de Shanghai conserve son statut de faction majeure. Jiang Zemin est toujours extrêmement influent alors qu’il n’est plus au comité central. Par le truchement des hommes de sa faction, Jiang possède toujours un certain contrôle sur les prises de position politiques du PCC. S’il l’actuel dirigeant chinois n’est pas membre du gang de Shanghai, il est tout du moins proche de la faction par le biais de Zeng Qinghong.

Pour installer son pouvoir, le nouveau premier secrétaire va entamer une guerre contre la corruption qui va notamment impacter la faction de Hu Jintao mais aussi le gang de Shanghai. Ainsi, alors qu’au dix-huitième congrès, celui de la première élection de Xi Jinping, le pouvoir était sensiblement partagé entre les factions de Shanghai et de Tanpuai, au dix-neuvième congrès, 60 % des membres du politburo sont liés au chef de l’État. 

Alors que le vingtième congrès s’est soldé par la prise apparente du pouvoir par Xi Jinping et ses fidèles, il ne reste presque plus rien de la faction de Shanghai, si ce n’est Wang Hunin et Li Hongzhong, mais plus en tant que représentant de l’ancien régime que membres de la faction dirigée par Jiang Zemin. On peut également classer Wang Yi dans cette catégorie.

Wang Hunin suit les gouvernements chinois un à un depuis Jiang Zemin. S’il semble initialement plus proche de la faction de Shanghai, il est maintenant clairement dans la sous-faction la « nouvelle armée du Pujiang » de Xi Jinping. Il est le penseur idéologique de la Chine du XXIème siècle. Dans son livre America against America, il prophétise la chute de l’Oncle Sam en raison de ses tensions internes qui découlent du néo-libéralisme et du nihilisme de sa société. 

La faction de Shanghai n’est clairement plus dans les sphères proches du pouvoir. Si elle a soutenu Xi Jinping lors de son accession au pouvoir, sa prise en place sur le  « trône » lui aura été fatale. Des rumeurs annoncent même que le confinement mis en place à Shanghai est un des résultats de la guerre entre Xi Jinping et ses responsables.

 

Hu Jintao, une véritable faction derrière la ligue des jeunesses communistes ?

La faction Tuanpai est fédérée autour de l’ancien secrétaire général du PCC de 2002 à 2012, Hu Jintao, et de son second, Li Kegiang, investit jusqu’en 2022 des plus hautes fonctions du régime chinois (notamment numéro 2 du PCC de 2013 à 2022). Née au milieu des années 1980, la faction Tuanpai est issue de la ligue des jeunes communistes et des cadres ruraux du PCC. À titre d’exemple, l’ancien dirigeant chinois a passé la majeure partie de sa vie dans certaines des provinces chinoises les plus pauvres comme Ganzu pendant quatorze années ou au Tibet pendant quatre ans. Les hommes de la faction de Tuanpai n’ont jamais réussi à s’imposer dans les plus hautes sphères des pouvoirs et seraient simplement une faction vivant dans l’ombre de Jiang Zemin. Hu Jintao a notamment subi la politique de rajeunissement des cadres de 1993 éliminant ainsi de précieux soutiens dans les années suivantes.

Pendant le « règne » de Hu Jintao, la faction de Shanghai était encore la plus puissante. En effet, sa nomination au secrétariat général du PCC n’a pas été suivie par le transfert des positions de pouvoir dans l’armée populaire de libération. L’armée, qui est fidèle au parti et non pas au pays, est pourtant l’un des socles du pouvoir du PCC.  Elle était encore dans les mains de Jiang Zemin jusqu’en 2005. Deux généraux loyaux à l’ancien président, Guo Boxiong et Xu Caihou, avaient été placés à la tête de la Commission militaire centrale (CMC) afin d’assurer que le pouvoir de Hu ne soit pas trop important. Hu Jintao est noyauté par la présence des proches de Jiang Zemin, du côté militaire, mais aussi du côté du politburo, ou le membre le plus influent, Zeng Qinghong vice président de la RPC de 2003 à 2008 et membre du Comité permanent du bureau politique du PCC jusqu’en 2007 est remplacé par Xi Jinping, dont il aura soutenu la montée.  

En 2012, à la nomination de Xi Jinping au pouvoir, Hu Jintao est encore assez puissant pour imposer Li Kegiang comme numéro 2 du PCC mais sur les sept positions dans le Comité permanent du bureau politique du comité central. Il est le seul rescapé des soutiens de Hu Jintao. Assez rapidement les dissensions entre ces deux nouveaux courants de pensées éclatent. La politique économique de l’ancien numéro 2 du PCC (Likonomics) est contraire à la vision de Xi Jinping du rêve chinois. Dès novembre 2013, ce dernier entame la relégation du Premier ministre en l’installant comme le chef d’une nouvelle commission : la Commission centrale d’approfondissement global des réformes. Xi s’assure ainsi que les projets économiques de Li Kegiang ne puissent aboutir sans un contrôle strict de sa part. Dès lors, le pouvoir de la faction de Tuanpai est de plus en plus marginalisé. Alors qu’en 2012 la ligue des jeunes communistes chinois comprenait 90 millions de membres, la politique de Xi Jinping fait baisser leur nombre à 74 millions en 2021, et dans le même temps leur budget annuel passe de 96 millions de dollars à 35 millions. 

Le vingtième congrès est le coup de grâce pour la faction de Tuanpai. Depuis 1978, c’est la première fois qu’aucun membre issu initialement de la ligue de la jeunesse communiste n’est dans les hautes sphères du pouvoir. Pire, une vidéo de la séance plénière fait le tour des réseaux sociaux. On y voit l’ancien numéro un du PCC être sèchement escorté par deux hommes en costume. Le regard de Hu Jintao à Xi Jinping est presque sans appel. Il s’agit d’une humiliation publique et d’une éviction en bonne et due forme d’une faction que Xi Jinping a en horreur. 

Hu Chunhua, qui est issu de la ligue des jeunesse communistes et surnommé “Little Hu”, était présenté par des analystes comme l’un des favoris pour devenir le numéro 2 du PCC. Finalement, il n’est même pas choisi pour faire partie du comité permanent du bureau politique du comité central au milieu des sept membres du PCC les plus importants après Xi Jinping. Pire, il ne figure même pas parmi les vingt-quatre membres du politburo. Il est ainsi destitué de la place qu’il occupait et rétrogradé du bureau politique au statut de simple membre du comité central, fait rarissime au sein du PCC.

 

Les changements économiques et de doctrine qu’apportent Xi Jinping

L’élection de Xi Jinping confirme la volonté de la Chine à s’affirmer sur la scène internationale. Il va poursuivre son projet du « rêve chinois » ou « renaissance de la nation chinoise ». Comme le dirigeant chinois l’a affirmé à Joe Biden à l’occasion d’une rencontre organisée dans le cadre de la réunion du G20 en Indonésie, les politiques intérieures et extérieures du PCC seront « une grande continuité et une haute stabilité ». De ce fait, la politique étrangère de la Chine va poursuivre la dynamique impulsée par la faction de la quatrième nouvelle armée depuis 2013 à savoir « promouvoir le grand renouveau de la nation chinoise sur tous les plans ». En ce sens, il est un néo-traditionaliste qui clame que la culture traditionnelle est l’âme de la nation chinoise. Ainsi, il entend bien continuer sa lutte contre l’occidentalisation des esprits au sein de la société chinoise. 

En 2012, le Parti communiste chinois a diffusé des instructions en interne via le document n°9 (intitulé « Communiqué sur l’état actuel de la sphère idéologique ») qui alerte sur les dangers de la pensée occidentale et s’oppose à « la démocratie et aux droits de l’homme ». En effet, l’ouverture au monde a entraîné une occidentalisation de la société chinoise, ce qui est perçu par le PCC comme un potentiel danger pour sa pérennité. De ce fait, Xi Jinping insiste sur l’importance de se recentrer non seulement sur les valeurs asiatiques, mais surtout sur l’identité nationale chinoise. Il est convaincu que le meilleur moyen pour lutter contre l’influence occidentale est de renforcer l’identité nationale. Ce renforcement du nationalisme chinois s’illustre notamment au Xinjiang et l’assimilation forcée de la population ouïghoure. D’autre part, la faction de la quatrième nouvelle armée va poursuivre la réaffirmation de la primauté de la politique sur l’économie, renforçant ainsi le rôle et le contrôle du gouvernement chinois sur l’ensemble de l’économie chinoise.

Cette matrice idéologique du PCC influence bien évidemment sa politique étrangère dont l’un des principes fondateurs est de proposer un modèle alternatif au modèle libéral occidental. En effet, ayant pleinement confiance en son modèle politique et économique, la Chine entend bien proposer un modèle alternatif pour les États désireux de se développer économiquement sans pour autant s’occidentaliser sur le plan politique et social. La réussite économique de la Chine est venue remettre en cause la doxa libérale selon laquelle seules l’économie de marché et la démocratie offriraient des perspectives de croissance économique et qu’elle était préférable à l’autoritarisme ou à la dictature. La Chine s’appuie sur l’attractivité de son économie afin d’affaiblir le réseau d’alliances américain et de se prémunir d’un isolement économique et diplomatique sur la scène internationale. Par ailleurs, cette stratégie géoéconomique vise à constituer une zone d’influence en Indopacifique pour la Chine et ainsi repousser le leadership américain de cette région.  De surcroît, cet objectif est réalisé, en grande partie, à travers le projet géoéconomique de la Belt and Road Initiative.

Enfin, la réélection de Xi Jinping à la tête de la Chine va accentuer la rivalité structurelle sino-américaine notamment autour de l’île de Taïwan. En effet, la Chine n’entend faire aucune concession sur l’avenir de Taïwan considéré comme faisant partie des intérêts vitaux et comme une ligne rouge des relations sino-américaines : « le règlement de cette question est une affaire entre Chinois et relève des affaires intérieures de la Chine » a rappelé Xi Jinping à Joe Biden lors de leur rencontre au G20.

 

Le vingtième congrès, la consécration pour Xi ?

Ainsi, le vingtième congrès est un changement sans équivalent depuis presque trente ans dans le PCC. À part peut-être Mao Zedong et Deng Xiaoping, aucun autre dirigeant chinois n’a eu autant de force que Xi Jinping. Le culte qui se crée autour de sa personne laisse à penser que son ambition est a minima d’être à leur niveau. Sa position guerrière vis-à-vis de Taïwan nous paraît indiquer sa volonté affirmée de dépasser ces figures historiques de la Chine du vingtième siècle. Mettre fin à la scission que même le grand timonier n’a pu résoudre, lui assurerait très certainement une renommée sans précédent… si elle ne signifie pas le début d’un conflit majeur à l’échelle planétaire. 

Ses ambitions, cette volonté de grandeur et de puissance, doivent cependant continuer de se méfier des factions éclipsées ces dernières années, des lésés au sein même des proches de Xi Jinping et de la grogne sociale. En effet, les événements récents abondent de vidéos de contestations en Chine vis à vis de la politique “zéro covid” du pays. Si Mao tenait le pouvoir grâce au soutien populaire, Xi Jinping tient la Chine grâce aux arcanes du pouvoir du PCC. Le PCC étant le pire ennemi du dirigeant chinois, il reste à constater comment il arrivera à museler totalement la contestation de ses rivaux. Sachant cela, il a profité du vingtième congrès pour serrer la vis, un clin d’œil au vingtième congrès de l’URSS qui fut le dernier. Quant à lui, il est l’exemple même de l’impossibilité pour le PCC de mener à bien une succession réelle entre les générations. 

Le changement géopolitique qu’est en train d’entreprendre la ligne politique de Xi Jinping est sans commune mesure et rompt avec toutes les anciennes idées que l’on peut se faire de la Chine et de sa volonté. Entre-t-on dans un monde tiraillé entre deux blocs à l’image de la guerre froide ou un monde vassalisé  à la puissance chinoise par le biais des nouvelles routes de la soie et de la position stratégique qu’occupe le pays dans les chaînes de valeurs mondiales?

Ivan Richoilley, Alexandre Monnier et Othman El Hadj Said, pour le club Asie de l’AEGE

 


L’ensemble des cartographies figurants dans cet article ont été réalisées par Ivan Richoilley, et font parti d’une cartographie plus globale du PCC. Elles sont le fruit d’une compilation de données disponibles en Open source intelligence et et d’entretiens avec des experts de la Chine.


 

Pour aller plus loin :