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Reprise du projet Nord Stream 2 en dépit des sanctions US

Interrompu en 2019 à la suite des sanctions américaines, le projet Nord Stream 2 a repris selon un communiqué russe paru le 11 décembre. Le président Vladimir Poutine espère la fin des travaux pour 2021 mais cette annonce devrait venir tendre encore un peu plus les relations avec les États-Unis.

Souhaité de longue date par Vladimir Poutine, le projet Nord Steam 2 prévoit de relier la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique sur une longueur de 1230 km. L’enjeu pour Moscou est d’intensifier sa relation commerciale avec l’Europe qui dépend déjà fortement du gaz russe. En 2016, 39% des importations de gaz naturel était originaires de Russie, loin devant les 24% en provenance de la Norvège, deuxième pays exportateur. Le gazoduc permettra par ailleurs de doubler les exportations de gaz à l’Allemagne dans des délais raccourcis.

Cette situation a donc conduit les États-Unis à intervenir pour freiner le projet en émettant toute une série de mesures contre les différentes parties prenantes. Parmi elles on compte notamment un gel des avoirs ou une révocation des visas américains. Dès lors, tout a été suspendu en raison de la Covid-19, mais également de l’intensité des sanctions financières et des perturbations qu’elles ont engendrées. Les Russes voient dans cette ingérence américaine une manière d’étendre leur marché gazier sur le Vieux Continent en usant de l'extraterritorialité de leur droit.

Néanmoins, malgré des nouvelles sanctions imposées le mois dernier, le projet a repris le 11 décembre dans la zone maritime allemande. Le navire russe Fortuna, en charge de la mise en place des canalisations a posé 2,6 nouveaux kilomètres du pipeline ces derniers jours. Ainsi, c’est désormais environ 150 kilomètres qu’il reste à construire sur la totalité des travaux et le Kremlin a d’ores et déjà fixé 2021 comme date butoir. Sûre de la réussite du projet la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a même déclaré le 10 décembre : « Nous avons élaboré un programme de réalisation de ce projet et des mesures à prendre et qui seront prises pour assurer sa mise en œuvre. Nous comprenons très bien que les États-Unis n’arrêteront pas leurs tentatives d’empêcher la Russie de réaliser ce projet et de mener sa politique indépendante ».

Loin de rester passif face à la situation, le congrès américain a voté ce même 11 décembre la loi budgétaire de la défense américaine qui prévoit l’application de nouvelles sanctions. Et ce, malgré la menace de Donald Trump d’utiliser son droit de veto car il l’estimait trop favorable à la Chine et ne comportait pas une protection juridique des réseaux sociaux. Par ailleurs, l’élection de Joe Biden et ses prises de position souvent marquées à l’encontre de la Russie devraient venir complexifier davantage un dossier déjà sous tension.

 

Evan Tirologos

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