L’accord sur les Investissements étrangers avec la Chine : premier signe d’un éloignement entre Bruxelles et Washington

Ce lundi 28 décembre 2020, était présenté aux représentants des 27 membres de l’Union Européenne la dernière version de l’accord sur les investissements entre la Chine et L’Union européenne. Celui-ci devrait être signé avant la fin du mois de décembre, et laisse pressentir un changement de paradigme dans la guerre économique entre la Chine et les États-Unis.

 

En négociation depuis 2013, l’accord sur les investissements de l’Union européenne avec la Chine prévoit une protection des investissements européens en Chine et vice versa, ainsi qu’un assouplissement des règles de concurrence entre les deux acteurs. Néanmoins l’accélération du processus emporte avec lui les bons sentiments de certains pays européens, dont la France, en matière de droits de l’homme et de développement durable. En effet, c’est sans faire vaciller la ferveur des négociations, que la Chine a refusé de ratifier la convention de l’Organisation du Travail relative au travail forcé (OIT), niant par là même le cas des Ouïghours.

Alors que la Chine vient de prendre la première place des partenaires commerciaux européens, et s’affirme sur la scène internationale à travers le Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) et la réalisation des nouvelles routes de la soie, l’Union sous présidence allemande semble avoir fait un choix, celui de réaliser une politique d’affranchissement vis-à-vis de son allié américain sur le dossier chinois. Une ouverture vers Pékin et ses marchés, certes stratégique, mais qui s’inscrit au grand mépris des engagements de l’Europe envers les droits de l’homme et le développement durable.

Outre-Atlantique, cette complaisance envers la Chine est vue d’un mauvais œil, Washington qui espérait pouvoir mener sa guerre économique contre la Chine avec l’aide de l’Europe à travers le Uyghur Human Right Policy act de 2019 et le Uyghur Forced Labor Prevention act de 2020 se voit donc abandonné sur le sujet chinois. Cet accord pourrait donc être le premier pas vers un divorce entre Washington et Bruxelles.

 

Ugo Viens

 

 

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