Tentative de relance de la stratégie française d’exploitation sous-marine

La stratégie hexagonale fixée en 2015 sur les ressources minérales dans les grands fonds marins sera examinée le 22 janvier prochain. Un sujet clé pour développer une industrie spécialisée qui pourrait assurer à la France un approvisionnement stratégique en terres rares.

Le 22 octobre 2015 lors du comité interministériel de la Mer (CIMer), la stratégie nationale relative à l’exploration et à l’exploitation minières des grands fonds marins a été approuvée par le pouvoir politique. Le 4 novembre 2019 Jean-Louis Levet est nommé au secrétariat général de la mer afin de suivre l’avancée de la stratégie nationale. Cette mission confiée par Matignon a donné lieu à la remise d’un rapport en décembre 2020 devant être examiné lors du prochain comité interministériel de la mer; un document dont une synthèse a finalement été dévoilée au grand public le 15 janvier 2021. La stratégie évoquée par le rapport a pour but de favoriser l'émergence d’une filière industrielle de qualité et porteuse d'innovation et d’emploi afin de garantir à la France une indépendance stratégique; la France disposant du deuxième espace maritime mondial. Pourtant, lors d’une interview de Francis Vallat, fondateur de l’institut Français de la Mer et du Cluster Maritime Français, celui-ci pointait du doigt le manque de soutien des acteurs politiques à ce projet. 

La France entretient depuis longtemps un lien avec l’exploration maritime, pourtant selon Jean-Louis Levet, elle ne s’appuie pas assez sur ses points forts comme “la qualité de ses opérateurs de la recherche, l’existence d’un ensemble industriel, de formation, de compétences techniques […] la grande diversité des faciès géologiques présents dans sa vaste ZEE”. Pour ce dernier point, la France possède le second plus grand espace maritime mondial, un atout dont le pouvoir politique français semble avoir le plus grand mal à valoriser. Pourtant, les ressources minérales et les terres rares qui nichent dans cette vaste Zone Économique Exclusive (ZEE), notamment dans un contexte de demande de plus en plus importante, pourraient s’avérer être un précieux atout pour l’Hexagone. 

Ainsi le développement de l’exploitation de cette ZEE revêt des promesses hautement stratégiques au niveau économique, de l’approvisionnement en minéraux, de la recherche scientifique, ou encore, environnemental. Surtout dans un contexte de multiplication des acteurs: en effet de 2011 à 2020 l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM) a attribué 30 permis d’exploitation dans les eaux internationales. Les principaux pays impliqués sont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Pologne et la Belgique pour les pays européens, ainsi que la Chine, l’Inde, le Japon, la Russie, et de nombreux autres. Face à ces enjeux, Jean-Louis Levet avance dans son rapport la nécessité pour la France d’avoir une stratégie “multipartenaire” aux niveaux européen et mondial. 

Lors du prochain CIMer qui devrait se dérouler au Havre le 22 janvier 2021, si la proposition de Jean-Louis Levet de prioriser une vision multipartenaire est adoptée, une coopération européenne pourrait permettre à l’UE de potentiellement sortir de sa dépendance aux terres rares. Une occasion qui pourrait s’avérer riche en opportunités économique et politique pour la France.

 

   Paco Martin

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