Le fonds français Ardian et le fonds américain Global Infrastructures Partners s’associent pour racheter Suez à la condition qu’un terrain d’entente soit trouvé avec Veolia. Ce dernier, en pleine guerre juridique avec Suez, pourrait de fait voir l’entreprise lui échapper au profit des deux fonds. Veolia peut donc potentiellement de nouveau s’enliser sur ce dossier en essayant de bloquer le rachat.
La stratégie juridique de Suez de création d’une fondation pour y placer des actifs qui ne pourraient appartenir à Veolia en cas de fusion a provoqué l’enlisement de l’offre publique d’achat et le début d’une guerre juridique. Selon Les Echos, pour débloquer la situation, le français Ardian et l’américain Global Infrastructures Partners (GIP) proposent de racheter Suez à la condition qu’un accord soit trouvé avec Veolia. Ce rachat s’il advient se fera pour un montant de 18 euros par action et n’aboutira pas au démantèlement de Suez. Le conseil d’administration de Suez qui a accueilli favorablement cette décision espère trouver une solution qualifiée d'amicale avec son concurrent Veolia qui bénéficiera aux deux parties.
Néanmoins, Veolia déclare ne pas être intéressé par une pareille solution, le rachat de Suez est pour le géant français l’occasion de créer le champion mondial français de la transformation écologique. Ce nouveau géant génèrerait 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires et détiendrait 60% de part de marché sur le secteur de la distribution et de l’assainissement de l’eau en France. Cette fusion permettrait au groupe de doubler de taille en Amérique du Sud et en Australie tout en renforçant sa position sur son marché principal qui est européen.
De fait, Veolia peut utiliser les 29,9% de Suez qu’elle a déjà racheté à Engie pour bloquer la proposition d’Ardian et GIP et tenter de réaliser son OPA sur les 70,1% restants. Dans l'hypothèse d’un blocage de Veolia, ce dernier retournerait au statu quo ante avec Suez et devrait remporter la bataille juridique. En outre, la Commission européenne a toujours la possibilité d’empêcher cette fusion si l’enquête antitrust n’est pas concluante, notamment sur la position dominante qu’aurait le groupe sur le marché de l’eau. Suez pour soutenir la proposition d’Ardian et de GIP ne manque d’ailleurs pas de préciser que cette solution permettrait de préserver la concurrence en France.
Julien Cossu
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