Après le veto imposé par l’Etat au rachat de l’industriel français par l’américain Teledyne, les deux fonds français HLD et PAI Partners seraient les favoris pour l’acquisition de l’entreprise girondine. En toile de fond, pourrait se profiler un rapprochement avec le français Lynred pour créer un champion français de l’infrarouge et de l’intensification de lumière.
Nouveau rebondissement dans le rachat de Photonis. Après le veto historique du ministère des Armées dans une logique de défense des actifs stratégiques contre le rachat par Teledyne, les fonds français HLD et PAI tiendraient la corde pour le rachat du fabricant de lunettes infrarouges. Selon les informations de Challenges, une offre aux alentours de 400 millions d’euros serait proposée par les deux fonds ; une somme proche de la dernière offre de Teledyne qui avait été acceptée par le fonds Ardian, propriétaire de Photonis. Reste à savoir qui va emporter la mise. Bien que s’étant déjà penché sur le dossier début 2020, PAI ne dispose pas de référence dans le domaine de la Défense, à l’inverse de HLD qui s’est démarqué par les rachats de l’équipementier Rafaut en 2018 et Microwave Vision, leader mondial de la visualisation d’ondes électromagnétiques.
Le but de cette cession dépasse le cadre seul de Photonis, de par l’ambition manifeste de créer un nouveau champion français de l’infrarouge. Initialement réticents à participer au rachat de Photonis, Thales et Safran n'excluent finalement pas de rapprocher la société girondine d'une autre filiale commune, Lynred, dans la perspective d'une cession de cette dernière, pour détenir une participation du nouvel ensemble aux côté des fonds d'investissement acquéreurs et de Bpifrance. La consolidation de ce marché de niche (350M€ de chiffres d'affaires cumulé) renforcerait ce segment de l'industrie de défense, bien loin cependant du futur attelage Teledyne-Flir estimé à 8 milliards de dollars.
Cette perspective de création d’un champion français est un nouveau signal fort au profit de la souveraineté technologique et la conservation des actifs stratégiques en particulier dans les domaines de défense. Toutefois, des réserves subsistent sur cet aspect. Selon la dernière note du GICAT, dû à la frilosité des acteurs français, la filière défense est exposée à des opérateurs étrangers en délégant à des bases de données américaines leurs enquêtes de conformité et due diligences sur les entreprises du secteur. Une brèche dans la souveraineté face à la menace du Cloud Act. Le tour de table imaginé pour racheter Photonis serait-il une première réponse concrète à ces enjeux ?
Thibault Menut
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