Le président turc a limogé le 22 mars le président de la Banque Centrale, Naci Agbal, qui occupait le poste depuis un peu plus de 4 mois. Jugé incapable d’enrayer l’inflation qui a atteint les 16%, le fonctionnaire et la Banque Centrale turque avait dû en réponse, concéder une forte hausse des taux d’intérêts. Une contradiction totale avec la politique d’Erdogan qui prône une politique de taux bas mais qui pourrait profiter de la chute de la monnaie si sa base électorale continue à le suivre.
Le président Recep Tayyip Erdogan a limogé pour la 3ème fois depuis 2019 le président de la Banque Centrale turque et l’a remplacé cette fois par Sahap Kavcioglu. Le nouveau président et ancien député a certainement gagné sa place après sa critique de la politique de resserrement des taux par le gouvernement sortant. Il s'inscrit dans la ligne du président turc qui prône une politique de taux bas.
L’absence d’indépendance de la Banque Centrale turque par rapport au pouvoir politique est pointée du doigt par les investisseurs. Cette quatrième nomination en 4 ans n’est donc pas en termes d’influence une bonne opération puisque la livre turque a dévissé de 15% à l’ouverture le 22 mars face au dollar. La monnaie turque est piégée dans une spirale négative à cause de la dette turque, mais également de la politique erratique du président turc sur le plan international.
En outre, la chute de la livre turque est un risque pour les banques européennes, très exposées, et particulièrement pour les banques françaises. Cela pourrait annoncer une volonté d’apaisement de la situation géopolitique de la part de l’Élysée, mais aussi permettre au président turc d’avoir un levier de négociations. Cependant, l’inflation pourrait le couper de sa base électorale qui la subit de plein fouet. Néanmoins, il dispose d’un capital de popularité grâce à sa politique panturque qui a redonné de la fierté à son peuple.
Pierre-Guive Yazdani
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