Assurances : Axa s’équipe en surveillance spatiale avec SpaceAble

L’assureur AXA a annoncé le 21 avril 2021 avoir noué un partenariat avec SpaceAble, startup française spécialisée dans la cartographie des débris spatiaux. Il s’agit à la fois d’un signe fort du développement des opportunités économiques en orbite basse et d’une importante piqûre de rappel face à la croissance des risques liés à la compétition mondiale dans ce domaine.

Face à une actualité décidément riche et des imaginaires enfiévrés par le regain d’intérêt pour l’exploration spatiale, AXA XL Insurance a annoncé le 21 avril 2021 avoir établi un partenariat avec la startup SpaceAble, spécialisée dans la connaissance de la situation spatiale (Space Situational Awareness ou SSA) dans l’objectif de soutenir et pérenniser l’activités d’entreprises opérant en orbite basse.

Ce partenariat devra permettre à AXA XL l’accès aux solutions développées par SpaceAble, comme l’ISSAN (International SSA Network), une plateforme web de collecte de données combinant intelligence artificielle, blockchain et cryptographie et concernant les objets et débris en orbite basse, ou Low Earth Orbit (LEO). D’après l’assureur, ces solutions, associées à l'expertise d'AXA XL en matière de de gestion des risques, permettront au groupe d'améliorer son offre pour les opérateurs de satellites.

Cette annonce vient d’abord confirmer une tendance de fond, amorcée par le développement d’activités commerciales dans le domaine et portée par des projets de constellations de satellites développées par des entités à l’instar de l’américain SpaceX, le britannique OneWeb, le luxembourgeois SES ou encore le chinois CASIC. L’année 2020 a été une année charnière pour le développement de ce genre de projets : le nombre de satellites mis en orbite a plus que doublé entre 2019 et 2020 et plus d’une cinquantaine de projets de constellations se disputent le marché offert par l’orbite basse. Il suffit d’ailleurs de se rendre sur le site web « Stuff In Space » pour se rendre compte de l’ampleur du problème .

Il s’agit néanmoins d’un élément révélateur de l’augmentation des risques liés à l’explosion de l’intérêt commercial pour l’orbite terrestre basse et certaines lacunes concernant la surveillance de cet espace. Pour preuve, l’actualité spatiale foisonne désormais d’annonces concernant d’hypothétiques collisions en orbite basse. Par exemple, en septembre 2019, l’ESA avait du rerouter son satellite Aeolus pour éviter une collision avec un élément de la constellation Starlink de SpaceX. Plus récemment, en Avril 2021, SpaceX a déposé une plainte devant la FCC (la commission fédérale américaine des communications), arguant la surestimation du risque de collision par son rival.

D’après Julien Cantegreil, fondateur et CEO de SpaceAble : « À peine 4 % des débris spatiaux sont actuellement bien repérés et suivis, c'est donc un échec. Si on envoie dans l'espace des dizaines de milliers de satellites au cours des quinze prochaines années, il faut absolument que l'Europe puisse avoir des données spatiales critiques, certifiées et sûres ». S’il s’agit donc désormais d’un enjeu légal pour les affaires spatiales en orbite basse, il s’agit aussi d’un atout d’indépendance stratégique, car pour l’heure, l’Europe continue de dépendre lourdement des capacités de l’U.S. Air Force pour la détection des objets en orbite basse.

Au prisme de ces problématiques, il apparaît aussi utile de replacer le débat sur l’aspect civilisationnel, car si le spatial doit continuer à faire rêver, encore faut-il pouvoir y accéder. Si le récent projet de la Russie de créer une nouvelle station spatiale « plus haute » que l’ISS, peut, sur le court terme, s’affranchir de certains risques mentionnés ici, la pertinence d’un scénario « domino » rendant certaines portions d’orbite inutilisables demeure croissante (voir les travaux de Kessler et Cour-Palais).

 

Christophe Moulin

 

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