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L’Alliance NewSpace France pour faire rayonner l’excellence spatiale tricolore au niveau planétaire

Bien décidées à ne pas se laisser distancer, des entreprises françaises du newspace ont créé l’Alliance NewSpace France vendredi 7 mai 2021, afin de fédérer les perspectives d’innovation, faciliter leur émancipation du marché institutionnel classique et porter le secteur tricolore au niveau mondial.

Le vendredi 7 mai 2021, l’Alliance NewSpace France est née. Cette dernière est aujourd’hui constituée de 19 entreprises rassemblant plus de 700 employés et plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissement en 2020. La présidence de l’Alliance est notamment assurée par Stanislas Maximin, fondateur et dirigeant de Venture Orbital Systems, société française en pointe dans le développement de micro-lanceurs et Giao-Minh Nguyen, Directeur Général et cofondateur de Prométhée, lancée en 2020 et développant une plateforme digitale de valorisation de données spatiales. Ainsi, d’après le communiqué du groupement, l’objectif est de porter “des innovations majeures sur l’intégralité du secteur spatial, avec toute la chaîne de valeur du satellite, allant du lancement au traitement des données, en passant par son lancement, et même du tourisme spatial”.

La première mission de l'Alliance sera aussi d’affirmer le positionnement des acteurs de la filière tricolore en développant leur visibilité, leur attractivité et leurs partenariats afin de faire face à une compétition mondiale accrue, mais ne provenant pas uniquement d’outre-Atlantique. De fait, l’initiative française est ressentie comme une tentative de garder pied, face à l’engouement d'autres pays européens pour les nouveaux terrains de compétitions offerts par le newspace. Ainsi, à l’instar de l’Angleterre, solidement positionnée sur les petits satellites, ou l’Allemagne, ayant devancé en 2019 la France sur sa quote-part financière dédiée à l’Agence Spatiale Européenne et soutenant le développement de 3 programmes de micro-lanceurs (HyImpulse, Isar Aerospace Technologies et Rocket Factory Augsburg). Isar Aerospace a d'ailleurs signé son premier contrat de lancement le 22 avril 2021 avec l’ESA, signal fort de l’intérêt de l’institution pour le segment et de la vitesse à laquelle la compétition se développe. 

Le rôle à jouer pour l’alliance du newspace française est d’autant plus important que la compétition pour l’espace, au sens littéral, n’est pas infinie. Comme le souligne justement Thomas Schumacher : “La grande majorité du marché se joue en effet en orbite basse. Une orbite qui sera in fine saturée”. En l’absence d’un cadre réglementaire faisant consensus, la logique semble donc être au premier arrivé, premier servi. Il est donc compréhensible que les startups et PME françaises du secteur se mobilisent pour s’émanciper d’un marché institutionnel peu aligné avec une dynamique de libéralisation de l’accès à l’orbite basse et favorisant de fait les grands acteurs historiques du spatial. Il est en outre estimé que la taille globale du marché pour les solutions satellitaires en orbite basse devrait atteindre 14 120 millions de dollars fin 2026, soit un taux de croissance annuel composé de 30,8% entre 2021 et 2026. De quoi motiver les retardataires.

Ces développements induisent aussi un débat plus profond, car si la dynamique est impressionnante, elle tolère une politique du fait accompli, manquant cruellement d’encadrement normatif et réglementaire. A ce titre, il faut noter que l’Europe se positionne en pionnière dans le développement de la régulation et la surveillance de l’orbite basse, au travers notamment de son programme EUSST. Des pépites existent d’ailleurs aussi dans ce domaine bien stratégique de la surveillance (de l’orbite et depuis l’orbite), à l’instar de SpaceAble, ayant récemment formé un partenariat avec l'assureur AXA, Unseenlabs ayant récemment levé 20 millions d’euros, ou encore Share My Space, développant des solutions de surveillance de l’orbite basse. 

 

Christophe Moulin

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