Après l’éventuel rachat de l’entreprise d’optique de la défense Photonis, un nouveau feuilleton aurait pu voir le jour avec l’entreprise Fichou qui restera finalement entre des mains françaises. Cette pépite de l’optique vient d’être rachetée par le groupe français HEF après qu’une proposition de rachat indienne ait été invalidée par la Direction générale de l’Armement.
L’entreprise Fichou n'est pas la plus connue des entreprises dans le domaine de la défense mais elle détient pourtant des composants optiques clés pour l’armée française. En effet, elle fournit de l’optique de haute précision pour les avions de combat, les satellites militaires ou encore la dissuasion nucléaire française.
L’entreprise avait été soutenue par le fonds d’investissements Definvest qui avait investi 500 000 euros lors de l’été 2018. Ce fut à l’époque la deuxième entreprise choisie par le fonds dédié à soutenir les PME stratégiques pour le milieu de la défense. Cette prise de capital a permis à l’entreprise d’améliorer sa compétitivité et de se lancer dans d’autres secteurs de celui de la défense. La ministère des Armées, qui n’avait pas tari d’éloges sur Fichou en la qualifiant de « vitrine du savoir-faire et de l'excellence industrielle de notre pays », avait suivi la situation de la cession potentielle des titres à un acteur étranger.
Pourtant, son actionnaire majoritaire Photonics Group International situé à Fresnes a décidé de vendre ses parts. Dès lors, le ministère des Armées ainsi que la DGA ont surveillé de très près le futur repreneur. A tel point qu'ils ont apposé leur veto sur une offre de reprise d'une entreprise indienne. La jurisprudence Photonis semble dès lors être appliquée en privilégiant un acteur national au détriment d’une entreprise étrangère. Si dans le cas de Photonis, l’utilisation du fonds d’investissements avait montré ses limites face à la manne financière demandée pour racheter les parts d’Ardian, cette fois-ci le fonds a pu être utilisé en étant un levier de manoeuvre pour le Ministères des armées en cédant ses parts au groupe HEF. Cet industriel originaire du bassin stéphanois est spécialisé dans l'ingénierie de surfaces et leader européen dans le domaine. Elle déclarait un chiffre d'affaires de 200 millions d’euros en 2017 tout en étant présent sur 4 quatre continents.
Loin d’être anecdotique, cette décision souligne l’investissement de la puissance publique dans la protection des industries critiques dans le milieu de la défense. Elle témoigne d’un début de prise de conscience de Bercy dans le contrôle des investissements étrangers dans les industries stratégiques pour la France. De fait, l’administration française a l’air de joindre les actes à la parole.
Nathan Crouzevialle
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