Maryvonne Le Brignonen a tout juste été nommée à la tête de l’Institut national du service public (INSP), la structure qui doit succéder à l’ENA à partir du 1er janvier 2022. Son profil atypique illustre la volonté de transformation de cette institution voulue par le gouvernement.
À l’issue du conseil des ministres du 1er décembre, Maryvonne Le Brignonen a été nommée, pour un mandat de quatre ans, au poste de directrice de l’Institut national du service public, la structure qui doit remplacer l’ENA au 1er janvier 2022.
Ancienne élève de l’ENA, au sein de la promotion Émile-Zola de 2007, elle présente toutefois un profil particulier. En effet, elle est diplômée de l’École supérieure de commerce de Toulouse et possède une expérience du privé comme du public. Elle a ainsi travaillé pour des cabinets d’audit et de commissariat aux comptes en entreprise (Salustro Reydel, KPMG Audit) avant d’intégrer l’ENA par la voie du troisième concours, celui des professionnels du secteur privé. Une fois sortie, elle s’est orientée vers l’inspection des finances pendant quatre ans, puis a piloté la réforme du prélèvement à la source au sein de la Direction générale des Finances publiques. Ensuite, en 2019, elle est nommée à la tête de Tracfin, service à compétence nationale, rattaché au Ministère de l’Economie et des Finances, chargé de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales, le blanchiment de capitaux, les détournements de fonds et le financement du terrorisme et service de renseignement du Premier Cercle.
Nommée à la tête de l’ENA à partir du 6 décembre, elle a pour mission de préparer sa transition vers l’INSP. Son profil atypique et son expérience correspondent aux volontés affichées du président de la République sur la réforme de l’institution : faire de l’INSP une école plus « à l’image de la société », plus « méritocratique » et plus liée au privé, au secteur académique et avec une attention plus grande portée vers l’insertion professionnelle. Nommer une experte de la lutte anti-corruption à la tête du nouvel incubateur de la haute administration peut être interprété comme une volonté du gouvernement d’augmenter la transparence pour reconstruire la confiance des Français envers une institution en crise. En tout cas, c’est également une illustration de la progression des thèmes de l’intelligence économique dans les plus hauts cercles de l’État.
Hubert Le Gall
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