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Sous-traitance de la production de puces électroniques, la CGT s’empare de la réindustrialisation

Dans un contexte de pénurie mondiale de puces électroniques, aggravée par la pandémie de COVID-19, le syndicat français s’est fendu d’une lettre ouverte au gouvernement. Il y pointe du doigt la mauvaise stratégie de sous-traitance de la part des Comités stratégiques de filière, et prône une réindustrialisation du secteur, un défi considérable pour la France.

Le 6 décembre 2021, la CGT s’est adressée à quatre représentants du Comité stratégique de filière (CSF), au Premier ministre et au ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance. Le constat de cette lettre est que 75 % de la capacité mondiale de fabrication des semi-conducteurs est concentrée en Asie de l’Est (les semi-conducteurs plus avancés sont produits pour 92 % à Taïwan par TSMC et 8 % en Corée du Sud), tandis que la France est dotée d’entreprises dites fabless, ou fablite, telle que Dolphin Design. Ces entreprises de semi-conducteurs planchent sur leur design et leur commercialisation, mais sous-traitent 100 % de leur production.

Le sujet donne lieu à des débats, sans que des solutions s’imposent. La CGT en propose donc, à commencer par une réindustrialisation utile et pragmatique. Ils recommandent dans un premier temps d’identifier les « besoins des industries en aval » et de créer un groupe de travail inter-CSF à cet effet, afin de travailler en synergie. La deuxième étape conduit à l’identification des composants, pour parvenir in fine à une stratégie de relocalisation sur-mesure en fonction des besoins exprimés.

Syndicats et gouvernement partagent sur ce sujet les mêmes préoccupations. Cette lettre révèle une volonté de changer de paradigme, mais témoigne d’un réveil tardif des milieux politiques et syndicaux en France. En effet, trouver des solutions pérennes en plein cœur d’une crise mériterait des changements drastiques, mais probablement vains à court terme. Rappelons que 5 ans sont nécessaires pour construire une usine, et qu’il n’existe pas encore de remède aux problématiques environnementales pour pallier la consommation colossale d’eau et l’exploitation de métaux rares, essentielles à la production.

Au cœur d’une bataille économique et stratégique dominée par la Chine, les États-Unis et Taiwan et leurs géants comme SMIC en Chine et  Intel aux États-Unis, l’Europe et la France essaient toutefois de tirer leur épingle du jeu. En plus du European Chips Act qui prévoit la production de 20 % des semi-conducteurs mondiaux d’ici à 2030, et le plan d’investissement français de 6 milliards d’euros destiné à la production de composants clés sur le territoire national, l’Union gagnerait à faire valoir ses atouts en termes d’innovation et de coopération entre producteurs et utilisateurs.

 

Olivia Luce

 

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