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L’Australie renforce son adhésion à l’OCCAR

Ce mardi 25 janvier, un accord-cadre entre l’Australie et l’OCCAR (Organisation Conjointe de Coopération en Matière d’Armement) est entré en vigueur. Un tel accord, pouvant paraître surprenant au regard de l’actualité récente, permettra à Canberra de s’investir plus profondément dans les programmes d’équipements de défense européen.

À travers l’accord de différents contrats d’armements, Canberra souhaite approfondir son statut d’observateur au sein de l’OCCAR pour passer à une participation active dans certains programmes. Parmi eux, le boxer 8×8, véhicule blindé de combat, le programme « Light Weight Torpedo » et l’hélicoptère Tigre. 

Ce dernier est assez étrange si l’on considère la volonté australienne de se débarrasser de sa flotte de Tigre, annoncée en janvier 2021. En outre, il y a quatre mois à peine, la France apprenait l'annulation du contrat autour des futurs sous-marins de la Royal Australian Navy. En décembre, l’Australie annonçait également la décision de se débarrasser des hélicoptères NH-90. La séparation d’équipements européens au profit d’armes américaines ne devrait-elle pas justifier une prise de recul de l’Australie au sein de l’organisation ? 

Pour l’OCCAR, l’accord permettra de renforcer les liens entre l’industrie de défense australienne et les grands industriels européens. Néanmoins, le traitement réservé à l’Union européenne et notamment aux Français en Australie laisse sceptique. 

Cependant, il faut nuancer en rappelant que la BITD française a encore de gros intérêts en Australie, et qu’elle participe à de nombreux appels d'offres. Quelques exemples parmi tant d’autres : Thales Australia cherche à se positionner pour un potentiel programmes de missiles hypersoniques australiens, Safran participe au programme SABRE (l’équivalent du FÉLIN en France) pour l’armée de Terre australienne et Airbus Defence & Space travaille sur un contrat de la Royal Australian Air Force (RAAF) autour de l’analyse de données dans le système de perche de ravitaillement en vol, utilisé par les avions ravitailleurs multirôles A330 de la RAAF. L’état de la BITD française sur le marché australien n’est donc pas désastreux malgré les récents coups durs. 

Il est évident que notre part de marché pèse peu face aux parts de marché américaines et britanniques. Peut-être même qu’une intégration de Canberra à l’OCCAR pourrait aider à reprendre du poil de la bête. Néanmoins, si l’on reste réaliste, un marché pieds et poings liés au destin stratégique de l’Empire américain restera fermé aux français et européens pour très longtemps. La décision de donner à Canberra une telle place au sein de l’OCCAR est, au mieux, une bizarrerie stratégique, au pire un signe flagrant de la vassalité européenne auprès des Américains et leurs alliés.

 

Guilhem Garnier

 

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