Le géant mondial des semi-conducteurs, TSMC, a annoncé mardi six décembre la construction en Arizona d’une seconde unité de fabrication de nœuds de 3 nanomètres, pour un coût total de 40 milliards de dollars. Ce coup de force permet aux États-Unis de renforcer leur position dans le secteur et de garantir leur autonomie stratégique.
Cette décision de l’entreprise taïwanaise est un nouveau succès pour les États-Unis dans sa conquête du marché des semi-conducteurs, initiée par l’adoption du CHIPS and Science Act fin juillet. En effet, depuis l’administration Trump, Washington cherche à tout prix à réduire la dépendance des entreprises de haute technologie américaines aux importations de ces composants électroniques, provenant aujourd’hui essentiellement d’Asie (de TSMC et de Samsung Electronics majoritairement). La décision du fondeur taïwanais a été saluée par Tim Cook, président d’Apple, et par Joe Biden, car elle garantit la sécurité des approvisionnements pour la technologie américaine ainsi qu’une provenance made in USA.
Ce nouvel investissement de TSMC sur le sol américain suscite de vives inquiétudes à Taipei, puisque le domaine des semi-conducteurs représente en quelque sorte l’assurance-vie de l’île. Cependant, l’entreprise entend conserver sur place le fleuron de son industrie comme en témoigne l’annonce de la construction d’une nouvelle usine de production de nœuds d’un nanomètre. Dans un contexte de tensions croissantes avec la Chine, Washington ne peut se permettre de laisser le savoir-faire unique de l’entreprise tomber entre les mains de Pékin sans l’avoir exporté aux États-Unis.
Cette annonce constitue enfin un signal d’alarme au sein de l’Union européenne. Elle ne parvient pas à s’imposer en dépit de promesses d’investissements à hauteur de 100 milliards d’euros sur dix ans, les plans d’investissement américain et chinois s'élevant respectivement à 440 milliards et à 1400 milliards de dollars. Ainsi, malgré la volonté politique du Vieux continent de faire passer sa production de semi-conducteurs de 8,5 % à 20 % d’ici 2030, il ne semble pas être en mesure de rivaliser face aux puissances montantes sur ce marché que sont les États-Unis et surtout la Chine.
Grégoire Loux
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