L’industrie de Défense victime de discrimination sur le marché des capitaux

Le président du CIDEF (Conseil des industries de Défense française) Eric Trappier alerte le ministère des Armées sur les « difficultés croissantes » que rencontrent l’industrie de la défense à trouver des financements. Cette dernière est victime d’une marginalisation par des acteurs nationaux et européens du marché des capitaux.

Eric Trappier, président du CIDEF et de Dassault Aviation, a tiré cette semaine la sonnette d’alarme sur les difficultés de financement des entreprises de défense dans une lettre ouverte adressée au ministre des Armées. À l’heure où l’Europe entend se doter d’une « autonomie stratégique » et où l’actualité géopolitique atteste de la nécessité de disposer d’une industrie de défense de pointe, les acteurs financiers – publics et privés –  ne semblent pas au rendez-vous. Un très grand nombre d’entre eux exclus systématiquement les industriels de la défense dans certains de leurs produits financiers. En effet, ils proposent des options de placement où le secteur de la défense est exclu de facto. On peut citer notamment la Caisse des dépôts, Bpifrance, la Banque Postale AM ou encore le régime de Retraite additionnelle de la fonction publique. Ainsi, 20% des fonds d’actions promouvant des critères environnementaux et sociaux vont exclure toutes les entreprises impliquées dans des contrats militaires. 

 

Un critère de « durabilité » venant handicaper le secteur de la défense

Se pose alors la question de l’origine de cette discrimination envers le secteur de la Défense. D’après le PDG de Thales, Patrice Caine, l’UE envoie un certain nombre de signaux faibles laissant entendre que l’industrie de défense est incompatible avec la finance durable. Cette incompatibilité pousserait les financiers à exclure le secteur de la défense de la finance durable. Cette exclusion des produits financiers labellisés « durables »  aggrave les difficultés de financement pour la base industrielle et technologique de défense française. 

Vouloir instaurer des critères de durabilité dans les produits financiers est nécessaire pour l’économie, mais en refusant d'intégrer la défense dans ces derniers, celui-ci se retrouve fragilisé et menacé par le manque d’accès aux financements dont il a cruellement besoin. La non-labellisation de la défense comme secteur « durable » contrecarre ses projets et objectifs de développement, limitant ainsi les possibilités de ce secteur clé de notre souveraineté, au moment même où la guerre de haute intensité semble faire son grand retour.

 

Matheo Quenault

 

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