Total, géant mondial des hydrocarbures, investit depuis plusieurs années dans les énergies renouvelables. Le groupe, emmené par Patrick Pouyanné, cherche notamment à baisser son empreinte carbone et se fixe l’objectif de devenir neutre en carbone d’ici à 2050. Afin d’acter ce changement de direction, le groupe a choisi de changer de nom, pour devenir TotalEnergies.
Le réchauffement climatique est devenu plus qu’un enjeu sociétal, il est aujourd’hui au cœur de la stratégie des entreprises. Souvent utilisé pour améliorer l’image des sociétés, la mise en place d’une politique plus responsable de l’environnement commence à devenir la priorité des actionnaires. Shell et Exxon-Mobil, respectivement 1er et 3eme plus gros groupes pétroliers au monde, ont récemment été forcés (par la justice ou les actionnaires) de lutter contre le réchauffement climatique.
Cette évolution fait suite à la crise du Covid-19, qui a engendré des pertes monumentales pour des entreprises comme Exxon-Mobil, BP, Shell ou Total. Les entreprises pétrolières sont malmenées sur le front de l’écologie et de la finance. Total, par la voix de son PDG, Patrick Pouyanné, a fait le choix d’être acteur de cette tendance et est bien décidé à accélérer sur le secteur des énergies renouvelables. Pour matérialiser ce changement, l'entreprise a acté un changement de nom, elle s'appellera dorénavant TotalEnergies.
Ce changement de nom n’est que la conséquence de la dynamique du groupe sur le secteur des énergies renouvelables. L’entreprise vient de prendre une participation de 20% dans Hysetco, société disposant de la plus grosse flotte de taxi à hydrogène dans le monde (700 véhicules). Alors que l’économie fonctionne encore avec 80% d’énergie fossiles, la multinationale construit l’avenir : projet éolien offshore à Taiwan, achat d'électricité photovoltaïque en Espagne, production de carburant aérien durable.
En parallèle, Total Direct Energie, fournisseur d'électricité, vient de dépasser les 5 millions de clients en France, l’entreprise s'affirmant de plus en plus comme un concurrent d'EDF. Ce dernier est obligé de revendre 25% de sa production d’électricité à ses concurrents au prix de 42€ le Mégawattheure (Mwh). Cette disposition de la loi NOME, prise en 2010 est une opportunité pour TotalEnergies qui dispose d’une électricité peu chère et des colossaux bénéfices, réalisés grâce aux hydrocarbures, qui seront réutilisés pour investir dans les énergies renouvelables.
Malgré ces investissements dans l’électrique, l’entreprise ne délaisse pas les hydrocarbures. Alors que le projet géant de gaz liquéfié (LNG) au Mozambique est à l’arrêt, l’entreprise vient de relancer son projet en Papouasie Nouvelle-Guinée et elle attend toujours de prendre des parts dans le projet géant au Qatar. L’entreprise veut doubler ses ventes dans le LNG d’ici à 2030, alors même que le méthane, qui le compose , est un gaz qui cause un impact 28 fois plus important que le CO2, sur le réchauffement climatique.
L’entreprise française joue donc sur tous les tableaux pour s’imposer comme un acteur majeur de la transition énergétique, quitte à accepter de jouer un double jeu.
Pierre Gonsolin
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