[Conversation] Avec Jérôme Pasinetti, le groupe Amarante se renforce sur l’intelligence économique [Partie 2/2]

Le Portail de l’IE a eu l’occasion d’échanger avec Jérôme Pasinetti, porteur de l’offre dédiée à l’intelligence économique (ARISE) de la société d’Amarante International. Nous le remercions de ces échanges.

PIE : Vous faites le choix intéressant de réunir des expertises qui – généralement – sont assez segmentées dans les cabinets plus classiques.

JEP : Oui et c’est ce que j’ai souhaité en arrivant chez Amarante. Aujourd’hui les équipes se parlent et ont les mêmes locaux. L’intelligence collective dans nos métiers est une obligation. De cette proximité naît la connaissance. Nous avons des équipes jeunes, brillantes et drivées par des seniors.

Nous sommes sans doute les seuls à travailler de cette façon. De plus, il n’existe plus vraiment de plateau spécialisé en intelligence et analyse politiques sur la place parisienne. Certains cabinets ont fait le choix, récent, de se défaire de certains de leurs salariés que je connais bien sur ces sujets, la porte est d’ailleurs ouverte chez nous. Les autres sont sous-outillés en ressources humaines.

C’est un point différenciant que nous mettons en avant : nos équipes mixtes en compétences sont aujourd’hui les seuls à faire de l’analyse politique de haut niveau sur le marché. Nous revendiquons très fortement ce pilier stratégique même s’il est évident qu’il ne représentera jamais la majeure partie de notre chiffre d’affaires. Il est le gage de savoir-faire complexe et d’une connaissance terrain qui fait défaut de plus en plus lorsqu’on observe le fonctionnement de notre concurrence.

 

PIE : Le marché de l’intelligence économique se concentre, tout comme le marché de la sûreté sur certains aspects. Ces éléments différenciants sont un marqueur fort.

JEP : Vous avez parfaitement raison, c’est pour cela que nous regardons vers l’Europe. Je rappelle d’ailleurs que l’UE est un des plus gros clients d’Amarante.

Notre volonté c’est d’aller concurrencer fortement nos amis anglais sur tous nos sujets d’expertises, le marché parisien est une petite part de notre objectif. Londres et les grandes capitales européennes sont notre objectif moyen terme.

Vous parliez de consolidation, aujourd’hui sur la place parisienne, il reste l’Adit, Avisa Partners – quoique désaxée par rapport à nous – et une multitude de petits cabinets avec des expertises spécifiques. Nous récupérons aujourd’hui certaines forces vives de ces cabinets et il n’est pas exclu du tout que nous en récupérions totalement certains sur des sujets spécifiques. C’est dans l’air du temps et nos concurrents ont la même vision.

Pour répondre à votre question : notre objectif c’est Kroll.

 

PIE : Finalement Amarante c’est avant tout…

JEP : Le terrain. C’est la clef de tout et c’est le point de réunion entre AESMA et Amarante. Nous sommes des spécialistes de l’investigation complexe de terrain, associée à l’innovation technologique. Aujourd’hui très peu d’acteurs sont en capacité de faire cela.

C’est un facteur particulièrement différenciant. D’ailleurs, nous avons des concurrents avec de très bons accès commerciaux, mais qui nous sous-traitent parce qu’ils savent que nous sommes très efficaces. Je ne veux pas que nous soyons enfermés dans cette position de sous-traitance, mais c’est un gage de qualité.

Un autre aspect de notre expertise s’illustre par un exemple : nous avons gagné récemment un contrat-cadre avec la BEI au Luxembourg, nous avons aujourd’hui des gens qui réalisent des diligences directement chez le client, dans leurs équipes, ce qui est assez nouveau. Nos concurrents étaient EY et PwC. Des gens qui ont de bonnes références sur ces sujets malgré tout. Mais c’est la preuve de notre capacité. Pour une société qui fête ses 15 ans, notez que c’est un aspect particulièrement signifiant.

Autre cas : au Sahel nous avons une base de données incroyable et une vision d’une finesse extrême.

 

PIE : Voyez-vous des Anglais sur vos sujets terrain ?

JEP : Nous pas vraiment, je pense qu’ils n’ont pas envie d’y aller. Les Anglais sont plus hauts dans la chaîne alimentaire si vous me permettez ce terme. Ils sont occupés sur de la compliance et du juridique, de la ligitation… Ils n’ont à mon sens ni l’envie ni les accès ; même s’ils pourraient parfaitement.

Après, tout notre objectif c’est de remonter la chaîne alimentaire… Nécessairement.

Il y a un point que je souhaiterais aborder : c’est notre indépendance totale. C’est de plus en plus rare, il n’y a qu’à regarder le marché de l’IE ou celui de la sûreté. Je tiens à vous signaler que nous n’avons pas du tout l’intention de céder quoi que ce soit à un acteur de l’investissement ou à une famille canadienne. Cela nous oblige à être encore plus efficaces !

Et de dépasser l’horizon hexagonal.

Sur un autre créneau, nous adressons le monde du M&A dans le cadre de leurs Due Diligence extra financières. Pour ces derniers, le RIO est très facilement identifiable. Nous avons élaboré une offre spécifique qui couvre les risques que nous identifions comme non conventionnels. Nous avons des fonds avec lesquels nous travaillons de façon systématique.

 

PIE : C’est un secteur très spécial le M&A…

JEP : C’est pour cela que j’ai des jeunes qui viennent de ces formations et qui ont une expérience dans ce secteur. Ce sont des moutons à cinq pattes aujourd’hui. Nous leur apportons un autre regard sur leurs métiers et eux une expertise différenciante et facilitatrice.

 

PIE : Abordons dans ce cadre l’aspect humain, de quoi est constitué ARISE aujourd’hui ?

JEP : Environ 25 personnes, dans les différents segments du « global intelligence ». Nous sommes amenés à grossir, en nombre et en croissance externe. Nous avons également énormément de chercheurs et de consultants associés.

Nous avons des ambitions de très forte croissance pour 2022 – 2023, tant sur de la croissance interne que sur de la croissance externe. C’est une histoire de rencontre parce qu’il faut que l’ADN soit commun au moins en partie.

 

PIE : Voyez-vous des besoins non couverts par les formations académiques de votre secteur ?

JEP : Aujourd’hui les formations sont de bon niveau. Même si je n’identifie pas vraiment de manques je trouve qu’il faut pousser pour la diversité des cultures et des formations initiales. Je pense qu’il faut travailler sur les sujets financiers, en complément d’un vernis IE / Sciences Po.

Mais objectivement, les jeunes qui sortent de l’EEIE, de l’EGE ou du Master de Marne- La-Vallée sont de très bonne qualité. Après évidemment, nous réalisons un effort permanent de formation, c’est indispensable.

Je tiens à vous parler de notre mode de management. Nous sommes sur une société dont la pyramide des âges qui nous oblige à penser notre avenir. C’est normal puisqu’il faut des gens qui ont passé du temps sur le terrain et donc qui ont un certain âge… Nous venons donc de créer un ensemble de parcours RH pour encourager et pousser nos jeunes salariés.

 

PIE : C’est particulièrement innovant dans notre secteur.

JEP : C’est une approche assez anglo-saxonne finalement. Il y a deux choses, nous avons fléché des parcours au sein du groupe pour permettre des ponts très simples entre analyses politiques, IE, action de terrains…

Pour exemple : nous avons une jeune collaboratrice qui est partie prendre la direction d’une filiale pays ! C’est-à-dire d’environ 80 personnes, en majorité des hommes, issus des armées pour la plupart. Il faut donc une sacrée dose de confiance en soi. Et nous travaillons sur cela. Nous sommes attractifs également grâce à cela.

Parallèlement nous avons mis en place un programme de formation nommé Woman@Amarante destiné à accélérer la carrière de nos jeunes femmes cadres, je crois que nous sommes les seuls dans notre secteur à avoir pris une telle initiative. Il faut croiser les logiciels mentaux pour être certains d’aborder l’ensemble des problèmes clients. Ainsi, nous évitons une sclérose opérationnelle très dangereuse pour une organisation.

Nous avons ainsi identifié plusieurs jeunes femmes qui disposent aujourd’hui d’un programme de mentoring et de coaching et à qui nous allons proposer de prendre des fonctions d’encadrement opérationnel dans le futur. Nous restons dans notre ADN : la légitimité vient du terrain et l’ADN du groupe doit être accessible à tous et à toutes. Nous souhaitons donner de la perspective.

 

PIE : Je ne suis pas certain qu’un mode de fonctionnement similaire existe sur votre marché…

JEP : Pas à ma connaissance. Nous recevons de très nombreuses candidatures, certainement pour cela. De plus nous ne sommes que peu stratifiés. Au sein d’ARISE, nous fonctionnons presque comme un cabinet de conseil ou d’avocats, très vite le salarié, même nouveau, gère son portefeuille client et développe sa relation et ses missions.

Je ne suis pas du tout convaincu par les modèles pyramidaux. Aujourd’hui Amarante est certainement ma dernière société : mon objectif c’est de prévoir la suite d’Amarante et donc il faut faire préparer les juniors à succéder aux cadres de notre génération.

 

PIE : Ce sera le mot de la fin dans ce cas ! Doit-on attendre d’autres nouveautés ou des annonces dans les mois à venir ?

JEP : Oui, j’espère bien, dans les semaines à venir !

 

Propos recueillis par Jean-Baptiste Loriers et Hubert Le Gall

 

Partie 1 : [Conversation] Avec Jérôme Pasinetti, le groupe Amarante se renforce sur l’intelligence économique [Partie 1/2]

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